Des textes de loi permettent désormais à un policier d'infiltrer une bande criminelle pendant 4 mois pour les besoins de l'enquête, de même qu'il est possible pour un criminel de négocier un allégement de la peine qu'il encourt en aidant et informant les services de sécurité. Le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, a annoncé, hier, la promulgation de lois donnant la possibilité aux policiers de procéder à des opérations d'infiltration pour démanteler des groupes criminels, lorsque la nécessité de l'enquête le justifie, la formation et la mise sur le terrain de brigades d'enquêtes économiques et financières qui utiliseront des méthodes d'investigation modernes afin de débusquer les infractions économiques, prévenir et lutter contre toute malversation dans la gestion économique et financière des biens de l'Etat. “La lutte contre le crime financier est l'une de nos priorités, surtout avec toutes les grandes affaires soumises actuellement à la justice comme celle de Khalifa”, a indiqué le DG de la police à l'occasion d'une cérémonie de lancement d'un stage de formation de quatre semaines à l'Ecole de la police criminelle, à l'intention de 55 inspecteurs de police afin de leur permettre de mieux s'imprégner des nouveaux textes de loi dans le domaine et d'acquérir les nouvelles techniques d'investigation. En présence du chef de la cour d'Alger et du procureur général, ainsi que des cadres de la Sûreté nationale et du ministère des Finances, M. Ali Tounsi a estimé que les crimes financiers ont “atteint une ampleur et une gravité telles qu'on doit leur livrer une lutte acharnée dans le souci de protéger l'économie nationale”. Il pense que le scandale d'El Khalifa Bank “est peut-être dû à une absence de contrôle et d'inspection”. Il ajoute que “par cette formation, la justice aura, désormais, la possibilité de solliciter ces enquêteurs afin de mener des investigations financières compliquées et des expertises dans les domaines économique et financier, pour mener à bien les procédures judiciaires, et contribuer d'une manière efficace à mettre fin à ce genre de crimes”. Le DG de la police fait part de l'existence de textes de loi qui permettent à un policier d'infiltrer une bande criminelle pendant 4 mois pour les besoins de l'enquête, indiquant que par le passé, ce procédé relevait des “affaires secrètes et que maintenant c'est couvert par des textes juridiques”. De même, il est désormais possible pour un criminel de négocier un allégement de la peine qu'il encourt en aidant et informant les services de sécurité. “C'est une petite révolution et une action majeure pour le bon déroulement et l'avancement des enquêtes”, commente-t-il. Concernant la présomption d'innocence, il considère que “nos lois sont au niveau des lois européennes”. Pour ce qui est des fortunes amassées par les terroristes, ce sont, selon lui, les textes juridiques relatifs au blanchiment d'argent qui vont s'appliquer à ce genre d'affaires, précisant que ces services ne se sont pas encore vraiment lancés dans ce type d'investigations. “Maintenant que les lois existent, nous allons passer au stade supérieur.” Le directeur général de la Sûreté nationale a en outre parlé d'une baisse importante de la criminalité relevant des atteintes aux personnes, aux biens, du trafic de stupéfiants et du terrorisme, durant ces trois derniers mois “grâce à l'effet positif des lois répressives qui protègent le citoyen ainsi que l'action des services de sécurité”. Dès sa nomination à la cour d'Alger en tant que procureur général, M. Daoudi Medjrab s'est lancé le défi de sécuriser la capitale en luttant contre les fléaux sociaux qui la rongent. Dans ce sens, depuis quelques mois, de lourdes peines allant jusqu'à cinq ans de prison sont infligées aux voleurs de portables, aux auteurs de dépassements par le geste ou la parole envers les forces de sécurité et des agressions diverses particulièrement envers les étrangers. Ce genre de prisonniers, ayant bénéficié d'un jugement définitif, sont désormais placés dans des pénitenciers en dehors de la capitale aux fins de les isoler de leur milieu criminel. Pour sa part M. Rabah Ladj, chef de la Police judiciaire, a déclaré que ce stage de spécialisation des inspecteurs de police sera suivi par d'autres formations similaires. “C'est la première promotion des inspecteurs de police, mais nous avons eu à former des officiers de la Police judiciaire pour une période de longue durée à Koléa et à l'Institut supérieur de la planification et de gestion.” Le chef de la Police judiciaire souligne que la formation qui a débuté, hier, sera axée sur la détection des irrégularités qui entachent les procédures de passations de marchés publics, les infractions à la législation de douane, le droit des affaires, le blanchiment d'argent et la corruption. “Nous disposons actuellement d'un arsenal juridique qui réprime ce genre d'infractions. Et nous nous sommes rabattus sur nos compétences algériennes pour inculquer ce savoir-faire aux inspecteurs qui prendront le relais au plan opérationnel”, soutient Rabah Ladj. Nissa Hammadi