Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a estimé qu'une “guerre froide” avait largement suffi en réponse aux attaques du président russe, Vladimir Poutine, lors de la 43e Conférence sur la sécurité à Munich (Allemagne), contre le rôle “déstabilisateur” des Etats-Unis dans le monde. Washington ne veut cependant pas en rajouter. Gates, qui a annoncé sa visite à Moscou cette semaine pour rencontrer Poutine, défendra la thèse multilatéraliste selon laquelle le monde fait face aujourd'hui à des problèmes et des défis qui doivent être affrontés en partenariat avec d'autres pays, y compris la Russie, a-t-il souligné. Washington, assure Gates, compte poursuivre la coopération avec la Russie dans les domaines importants pour la communauté internationale comme la lutte contre le terrorisme et la réduction de la menace des armes de destruction massive et de leur prolifération. Le président russe, dans un véritable réquisitoire, avait accusé les Etats-Unis de déborder de leurs frontières dans tous les domaines et de représenter un élément déstabilisateur dans le monde. Il s'en était également pris à l'Otan, accusée de violer les traités sur la réduction des forces conventionnelles en Europe. Moscou, qui a repris du poil de la bête après avoir remis de l'ordre chez lui, chasse dorénavant au grand jour dans le pré carré des Etats-Unis. Le président russe a entamé hier un périple en Arabie Saoudite, au Qatar et en Jordanie, une zone sous haute influence américaine, après avoir désigné Washington de source d'instabilité au Proche-Orient. “Les Etats-Unis sortent de leurs frontières nationales dans tous les domaines et cela est très dangereux, personne ne se sent plus en sécurité parce que personne ne peut plus trouver refuge derrière le droit international”, devait marteler le chef de l'Etat russe, avant de critiquer l'intervention anglo-américaine en Irak, soulignant que “des actions unilatérales, illégitimes, n'ont pas réussi à régler les problèmes mais ont, au contraire, aggravé les tragédies humaines”.Cette tournée de trois jours est la première d'un président russe dans ces pays du Proche-Orient. En 2005, Poutine avait déjà été le premier dirigeant russe d'un tel rang à se rendre en Israël et dans les territoires palestiniens. Jusqu'ici, la Russie était accusée de n'entretenir des relations privilégiées qu'avec la Syrie et l'Iran, deux Etats parias aux yeux de Washington. À Riyad, temps fort de la tournée, Poutine devait évoquer les crises internationales, le pétrole, la lutte contre le terrorisme et d'éventuelles ventes d'armes. Au Qatar, qui dispose des troisièmes réserves mondiales de gaz, (après la Russie et l'Iran), le président Russe parlera de ce projet d'Opep du gaz en débat. D. Bouatta