La 31e journée du procès Khalifa a été marquée par l'audition de M. Daoud Sahbi, P-DG de l'entreprise Enafor, une filiale de Sonatrach. L'accusé a tenu à répondre surtout sur la manière avec laquelle il a procédé au placement de 100 milliards de centimes dans El Khalifa Bank. “C'est une simple opération commerciale, Madame la juge”, a répondu l'ex-P-DG de l'Enafor qui expliquera que ce dépôt a été effectué en 2002. À une question de la juge de savoir si l'accusé a demandé l'autorisation au préalable du conseil d'administration pour procéder au dépôt, le prévenu a répondu avec sérénité. “Je n'ai pas à demandé l'autorisation, je suis libre d'agir dans l'intérêt de l'entreprise qui est une entreprise commerciale qui doit réaliser des bénéfices”, rétorque M. Daoud Sahbi qui a ajouté que son entreprise a commencé à effectuer des dépôts en 1999 à la BEA et à City Banque. Du dépôt au crédit, la juge essaie par tous les moyens de coincer l'accusé : “Dites-moi, est-ce que vous avez demandé un crédit à la banque El Khalifa ?” - “Oui Madame”, répond l'accusé, - “De combien ?” demande encore la présidente, - “De 7 milliards de DA”, affirme l'ex-responsable de l'Enafor qui a ajouté avoir demandé le crédit pour deux raisons. La première, c'est pour protéger le dépôt effectué à El Khalifa et la deuxième c'est pour aussi couvrir le taux d'intérêt d'un crédit octroyé par la BEA. - “Quel était le taux d'intérêt de ce crédit ?” demande la magistrate. Il répondra : “De 5,75 % Madame.” - “Vous ne trouvez pas un peu bizarre qu'une banque offre un crédit avec ce taux et donne des intérêts de 11 à 12% pour les opérations de placement ?” enchaîne la juge et de poursuivre : “Je vais vous dire pourquoi on vous a accordé ce crédit avec ce taux. Parce que vous avez fait un dépôt de 100 milliards. Et le crédit lui-même n'est autre que l'argent que vous avez déposé,” a tenu à expliquer la juge sur un ton de regret. Et d'interpeller encore le prévenu pour lui dire : “Dans cette opération combien avez-vous perdu d'argent ?” L'ex-responsable de l'Enafor met du temps pour répondre. “Nous avons déposé une plainte contre la banque, et le dossier est entre les mains du liquidateur,” explique l'accusé qui sera par la suite interrogé sur les cartes gratuites de voyage à bord de Khalifa Airways. “J'ai utilisé ces cartes de voyage uniquement entre Hassi-Messaoud et Alger. C'est-à-dire dans le cadre du travail,”a-t-il précisé. Ensuite, ce fut au tour de M. Assila Ali, l'autre P-DG de l'Enafor, qui a conduit l'entreprise de 2002 à 2005, d'avouer devant la juge avoir accepté de prendre ce poste qui, selon lui, lui a été imposé. Cet ingénieur de formation qui a cumulé une expérience de 24 ans dans l'entreprise a avoué qu'il a continué à gérer l'entreprise normalement sauf qu'il n'a pas pu récupérer le dépôt effectué à El Khalifa Bank car c'était une garantie pour couvrir le crédit de 70 milliards que la banque El Khalifa lui a accordé. K. Fawzi