Les attentats commis ces derniers jours en Algérie et au Maroc tendent à expliquer que l'organisation al-Qaïda est parvenue à tisser une portion de sa toile sur les pays du Maghreb et s'apprête à jeter ses tentacules sur certains pays subsahariens. D'abord parce que le terrain lui semble très favorable avec l'existence du GSPC considéré comme une force de frappe assez importante et bien aguerrie qui présente donc moins d'investissements et d'efforts pour la nébuleuse internationale. Des cellules dormantes existent aussi dans tous les pays du Maghreb et nous l'avons vu au mois de janvier en Tunisie lorsque plus de 12 terroristes ont été mis hors d'état de nuire alors qu'ils s'apprêtaient à organiser des attentats spectaculaires à Tunis. Si dans ce pays il n'existe pas encore une organisation pyramidale et structurée, il n'en demeure pas moins que le danger est toujours menaçant. Au Maroc, c'est le Groupe islamique marocain combattant (GIMC) qui semble le mieux structuré par rapport aux autres cellules islamistes existantes dans ce pays. L'“émir” du GIMC s'appelle Abdelaziz Abou El-Bara, originaire de Tanger, activement recherché par les autorités marocaines au même titre d'ailleurs que ses adjoints comme Aziz Chakali, Abdellali Echaïri, Hassen El-Katali ou Mohamed Abdelouhab Rafiki. C'est ce groupe terroriste qui serait non seulement derrière les derniers attentats de Casablanca, mais il est à l'origine de la création de plusieurs cellules terroristes pour le djihad en Irak. En Libye, c'est le Groupe islamique des combattants libyens (GICL) qu'al-Qaïda tente d'enrôler dans la “grande maison”. Le chef de ce groupe, un certain Abdallah Sadek, ingénieur de formation, a fait l'Afghanistan et a été arrêté en Thaïlande où il serait toujours en détention. Son adjoint, Abou Hazem, qui était lui aussi incarcéré en Baghtaram en Afganistan, a été remis en 2005 par les Américains aux autorités libyennes. Même décapité, ce groupe continue à faire parler de lui. Il serait dirigé actuellement par Anas Al-Libye, en fuite, un terroriste également recherché par les Américains pour sa participation aux attentats de Naïrobi et de Tanzanie. En Mauritanie, plusieurs cellules islamistes ont vu le jour ces deux dernières années. En Algérie, le GSPC, mouvement créé en 1998 par Hassan Hattab, a connu ces dernières années plusieurs mutations. La dernière en date est le changement de son appellation et la nature des attentats perpétrés par ses groupes. En effet, l'ex-GSPC, qui n'a plus d'ancrage au sein des populations, et s'attaque désormais aux enfants et aux femmes comme pour leur faire payer leur attachement à la réconciliation nationale. M. T.