Réunis à Constantine, les professionnels de la filière lait ont plaidé pour un soutien plus prononcé à la production locale qui reste, selon eux, le seul remède pour pallier les fluctuations du marché mondial. “La crise du lait, qui secoue le marché algérien depuis quelques mois, a été prévisible et elle fut débattue en 2003, lors de deux réunions tenues, une à Frankfurt et l'autre à Alger”, a précisé, avant-hier, à Constantine, l'ex-président de la Chambre nationale d'agriculture. Celui qui a jeté un pavé dans la mare intervenait lors d'une rencontre organisée à Constantine en prévision de la tenue du prochain Salon international des productions et santé animale. Il a appelé les instances concernées à tirer tous les enseignements de l'actuel état des lieux pour tracer une nouvelle stratégie basée sur l'encouragement de la production laitière locale. Le renforcement des capacités nationales est la seule alternative qui reste aux pouvoirs publics d'autant plus que la majorité des experts affirment que le prix de la poudre de lait ne connaîtra pas une baisse dans les conditions actuelles. Cette tendance à la hausse de la mercuriale est tirée par la demande mondiale de plus en plus en hausse, notamment de la part des pays émergents comme la Russie et la Chine. Les professionnels constantinois du secteur, qui ont assisté à cette rencontre, ont mis à nu les mesures prises par l'Etat jusque-là, qui restent d'après leurs propos, sans impact sur la filière. “Premier consommateur au Maghreb, avec une demande qui s'élève à 3 milliards de litres par an et une production qui ne dépasse pas les 2 milliards, soit un déficit de plus de 1 milliard de litres, l'Algérie devra sérieusement réviser les mécanismes de gestion de cette filière sensible”, ont-ils signalé. “La situation est ingérable, il faut mettre le paquet pour soutenir la production locale, tel est le défi, au lieu de continuer à chercher des solutions provisoires”, a fait remarquer un des participants. Selon le dernier rapport établi sur l'état actuel de la production laitière en Algérie, la collecte de lait ne dépasse pas le seuil de 15% des besoins dans les meilleurs cas. Sur ce même sujet, le Dr Rahal, maître de conférences à la faculté des sciences agro-vétérinaires, a tenu à préciser dans son allocution que la faiblesse de la collecte de lait en Algérie rend difficile la maîtrise de la production laitière. À cela s'ajoutent d'autres failles en matière de performances zootechniques avec à peine 52% de couverture des besoins animaliers. À Constantine, le lait en sachet est quasi absent des étals et la mission de régulation du marché est revenue, comme au bon vieux temps, à l'unité Nimudia du groupe Giplait. Pour le président de la section syndicale de la laiterie, implantée à Chaab Rsas, M. Cherchari, “si le secteur public est appelé à remplir ses missions d'assujetti public dans ce genre de situation, l'Etat doit se pencher en urgence sur la mise à niveau des moyens de production car à la prochaine crise, il ne trouvera que des décombres”. Notre interlocuteur ajoute que “si la privatisation est une forme de restructuration comme une autre, elle ne doit pas être synonyme sur le terrain de désinvestissement”. En effet, la majorité des unités du groupe Giplait, les plus importantes en capacités théoriques de production, disposent d'équipements obsolètes et de “process technologique” qui rend impossible leur rentabilité. En d'autres termes, la part de la production des produits dérivés est insignifiante alors que c'est ce segment qui assure la meilleure valeur ajoutée. Madani R.