Transformée en place forte par la Garde républicaine, la capitale irakienne sera difficile à prendre. Les combats de rues, inévitables, constituent une véritable hantise pour les forces américano-britanniques. Alors que les Américains veulent se lancer à l'assaut de Bagdad dans quarante-huit heures, les Britanniques, plus prudents, préfèrent attendre que toutes les forces soient regroupées pour le faire. C'est à nouveau l'absence de cohésion dans la gestion de la guerre entre les deux alliés qui refait surface. En tout état de cause, les journaux américains et britanniques annoncent comme imminent l'assaut de Bagdad, en se basant sur des déclarations de responsables militaires et sur des sources. A en croire cette presse, le lancement de l'offensive se fera rapidement pour mettre un terme aux rumeurs au sujet de dissensions sur la tactique militaire à adopter entre Donald Rumsfeld et le commandement central des opérations à Salymia au Qatar. Ceci dit, la situation sur le terrain des opérations est loin d'être favorable à l'amorce de l'offensive sur la capitale irakienne dans les plus brefs délais. Pis, l'engagement de cette bataille déterminante dans l'issue de ce conflit, dans les prochains jours, constitue une véritable gageure, selon l'avis des experts militaires, parce que même les conditions climatiques ne sont pas favorables aux forces coalisées. La météo annonce, en effet, une poussée de chaleur inhabituelle pour cette période de l'année dans la région. Les spécialistes britanniques de la météorologie prévoient des températures allant de 38° à 41° en Irak à partir de demain. Après les violentes tempêtes de sable, qui avaient bloqué l'avancée des forces coalisées sur Bagdad, c'est au tour de la chaleur de venir perturber les plans de guerre des stratèges de Washington et de Londres. Une fois de plus, le climat, qui a souvent influé sur le cours des guerres, comme ce fut le cas à Waterloo en 1815 où Napoléon avait perdu la bataille contre l'empire austro-hongrois à cause d'un hiver rigoureux, et à Stalingrad lors de la seconde guerre mondiale où l'armée hitlérienne avait abdiqué face aux Soviétiques, peut, là aussi, jouer un mauvais tour aux Américains et aux Britanniques. Ces derniers comptent, toujours selon les indiscrétions rapportées par la presse, engager dans la bataille 200 chars lourds américains, appuyés par des avions de combat. Cependant, ce qui constitue une véritable hantise pour les états-majors alliés ce sont les combats rue par rue, maison par maison dans une ville préparée de longue date à une telle bataille. Selon des analystes, les Américains sont à la recherche de solutions idoines pour éviter ce scénario cauchemardesque. Opteront-ils pour la tactique russe, qui a réduit en champ de ruines Grozny, la capitale tchétchène pour la prendre, ou pour la formule britannique pour contrôler Belfast face à la guérilla adoptée par les indépendantistes irlandais de l'Ulster ? Les soldats de Sa Majesté Elizabeth II sont en train de tester cette dernière tactique à Bassorah, pour la transposer à Bagdad en cas de réussite. L'état-major US tente, quant à lui, vainement de savoir de quelles forces disposera Saddam Hussein pour la défense de Bagdad afin d'arrêter leurs besoins humains dans cette optique. La résistance rencontrée dans plusieurs agglomérations irakiennes a donné à réfléchir aux stratèges américains et britanniques, qui redoutent énormément cette expédition, dont ils n'arrivent pas à maîtriser toutes les données. Donald Rumsfeld a résumé dans la phrase suivante le climat de doute régnant parmi les alliés au sujet de cette bataille : “Bagdad est l'endroit où se trouve le cœur du régime, où ses défenseurs se regroupent, sa prise ne sera pas facile”. K. A.