La guerre prend une tout autre tournure, et les forces américano-britanniques semblent avoir le feu vert pour perpétrer un véritable massacre contre les populations civiles qui résistent. Un bombardement américano-britannique sur la ville d'Al-Hillah, dans la province de Babylone, située au sud de Bagdad, a fait hier 33 morts, tous des civils, et 310 blessés. Des enfants figurent parmi les victimes. Près de cette même localité, 15 membres d'une même famille ont été tués, lundi soir, par une roquette tirée par un hélicoptère Apache, alors qu'ils fuyaient les combats de Nassiriya. Dans la même journée, un véhicule transportant des femmes et des enfants a été pris pour cible à un poste de contrôle américain près de Nadjaf. Bilan : sept morts. La fusillade est une riposte à l'opération suicide de samedi dernier qui risque fort de se reproduire, selon le vice-président irakien, Taha Yassine Ramadan, qui a déclaré, hier, lors d'une conférence de presse, que 3 000 volontaires arabes sont prêts à des opérations kamikazes. Cette nouvelle “bavure” est en tout cas, selon l'opinion internationale, un nouveau coup dur pour la coalition qui ne s'attendait pas à une résistance de la part de la population irakienne. Des “bavures” qui ont fait 55 morts parmi les civils en moins de 24 heures. Ceci ne laisse aucun doute sur les intentions des alliés qui n'ont pas pour souci de ménager les civils. Le Commandement central américain (Centcom) l'a d'ailleurs confirmé dans une déclaration après la fusillade de lundi, lorsqu'il a estimé, par la voix du général Vincent Brooks, que les victimes civiles étaient “inévitables” dans le conflit irakien. “Il ne fait aucun doute que si nous regrettons la perte de vies civiles, à ce stade elles restent inévitables comme elles l'ont été à travers l'Histoire”. Les autobus transportant des boucliers humains, dont des Américains, n'ont pas été épargnés par les raids. Les deux véhicules qui se trouvaient sur la route entre Bagdad et Amman ont été attaqués lundi par un avion US qui a fait plusieurs blessés parmi les passagers. Hier, les bombardements se sont intensifiés dans le sud de Bagdad où la Garde républicaine a renforcé ses divisions, selon un responsable des renseignements militaires américains qui a déclaré que les unités irakiennes sont affaiblies et que les forces américaines “ont progressé et contrôlent le terrain”. Une progression qui sera certainement contrariée avec l'arrivée, vendredi, d'une grosse vague de chaleur, la première à laquelle seront confrontées les troupes alliées. La météo, qui annonce en effet une hausse de température, qui sera de 38 degrés et pourra atteindre samedi et dimanche 41 degrés, sera peut-être l'alliée des Irakiens. Hier, dans un discours lu en son nom à la télévision, le président Saddam Hussein a appelé au djihad et a promis la victoire de l'Irak. R. M. Le CICR : “C'est l'horreur” Le porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Bagdad, Roland Huguenin-Benjamin, a qualifié, hier, d'“horreur” les bombardements dans la région d'Al-Hillah, à 80 km au sud de Bagdad, qui ont fait “des dizaines de morts et 450 blessés” parmi les civils, en majorité des femmes et des enfants. “Notre équipe de quatre personnes s'est rendue à l'hôpital d'Al-Hillah, au sud de Bagdad. Ce qu'elle a vu là-bas est une véritable horreur. Il y a des dizaines de corps déchiquetés”, a déclaré M. Roland Huguenin-Benjamin. Les bombardements ont fait des “dizaines de morts et 450 blessés”, a-t-il précisé. “Nous nous interrogeons sur le type d'armes utilisé dans ces bombardements” qui ont eu lieu, hier, à Hindiya, une région agricole à la sortie de la ville d'Al-Hillah, a-t-il ajouté. “Il s'agit de femmes et d'enfants. Tous sont des civils, des agriculteurs et leurs familles qui se trouvaient dans leurs champs ou chez eux”, a poursuivi le porte-parole du CICR dans la capitale irakienne.