Abdelaziz Belkhadem, ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, a déclaré hier, que la guerre en Irak “restera dans l'histoire comme un grave outrage à la conscience de toute l'humanité, au droit international, à la démocratie et à la morale”. En réponse aux préoccupations et interrogations des députés de l'Assemblée populaire nationale (APN) sur la situation en Irak, M. Abdelaziz Belkhadem a exprimé “une frustration née de ce que toutes les chances n'aient pas été laissées à la diplomatie et à la politique pour la poursuite du travail des inspecteurs de l'Onu chargés de l'élimination des armes de destruction massive en Irak”. Le chef de la diplomatie algérienne a également déploré le retrait décidé par le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, de l'équipe des inspecteurs tout en soulignant que cette démarche a fait de la confiance qui s'était installée entre la République irakienne et les Nations unies “une autre victime de cette guerre”. “La principale victime de cette guerre est le peuple irakien qui est atteint dans la chair de ses enfants, dans sa terre, dans sa civilisation, dans son ambition de bâtir son avenir par sa maîtrise de la science”, a indiqué M. Abdelaziz Belkhadem. Il a indiqué que “le peuple irakien a besoin d'entendre monter de toutes les aires dans le monde arabe et partout à travers le reste du monde les voix se rejoignant dans la revendication de l'arrêt immédiat de la guerre et du retour à la légalité internationale”. Abdelaziz Belkhadem réaffirmera à cet égard l'attachement de l'Algérie à cette légalité. Enfin, le ministre a affirmé que “l'attitude de principe de l'Algérie, puisée de sa haute lutte pour l'indépendance, reste inchangée”, rappelant que ses bons offices diplomatiques ont bénéficié à de nombreux pays, y compris les Etats-Unis. Il ajoutera, à ce propos, que “l'agression contre l'Irak a, selon les déclarations officielles de ses auteurs, pour objectif non pas la simple élimination d'armes de destruction massive mais le changement de la direction et du régime politique voire le régime de la République d'Irak, Etat membre fondateur des Nations unies, de la Ligue des Etats arabes, du Mouvement des non-alignés et de l'Organisation de la conférence islamique”. M. Belkadem a déclaré que “cet objectif, que rien ne permet de légitimer, revient à prétendre faire le bonheur du peuple irakien contre sa volonté”. Et d'ajouter : “Ce même objectif qui se pare des oripeaux de la démocratie revient, en réalité, à une tentative de perpétration d'un coup d'Etat par les forces armées de puissances étrangères”. M. Belkhadem considère que cette guerre “constitue un précédent d'une gravité exceptionnelle dans les relations internationales” tout en affirmant l'opposition de l'Algérie à “une recomposition de la carte géopolitique et à une reconfiguration des équilibres géostratégiques ainsi qu'à une confiscation déguisée des richesses de la région dont le bénéficiaire principal ne pourrait être qu'Israël”. M. Belkhadem a exprimé au nom du peuple et de l'Etat algérien, “notre solidarité totale avec la République arabe syrienne sœur face aux pressions et aux tentatives d'intimidation dont elle est l'objet”. “La mise à exécution de ces menaces, enclencherait”, dira-t-il, “une escalade et un élargissement incontrôlable de la violence armée à l'échelle de tout le Moyen-Orient”.