Deux semaines pleines après le lancement des premiers missiles, l'armée US peine à s'affirmer maîtresse du terrain, en dépit des bombardements intensifs auxquels sont soumises toutes les forces engagées dans la résistance. Les médias audiovisuels usent et abusent du reality show. Les images de la guerre en Irak continuent d'occuper le temps d'émission des grandes chaînes de télévision du monde. Les commentaires s'enchaînent, laissant fréquemment de larges brèches à des contradictions flagrantes ; aussi flagrantes que les divergences dans la relation des faits d'armes des uns et des autres. Dans le même temps, la vie politique internationale est dominée par le même thème, les déplacements de Powell et sa furtive incursion du côté d'Ankara, les nuances relevées dans les positions officielles françaises exprimées par la bouche de Raffarin ou celle de De Villepin, les réserves de Blair et l'énumération des meetings, marches et autres formes de désaveu populaire. Tout pour que la guerre d'Irak reste au cœur de l'actualité. Peut-il en être autrement, alors que, annoncée comme une action fulgurante par une puissance sûre de son invincibilité, l'invasion d'un pays, mis à genoux par une décennie d'embargo, s'avère moins aisée que ne l'avaient prévu ses initiateurs. Deux semaines pleines après le lancement des premiers missiles, l'armée US peine à s'affirmer maîtresse du terrain, en dépit des bombardements intensifs auxquels sont soumises toutes les forces engagées dans la résistance. A présent, l'observation du terrain des opérations donne le sentiment que l'improvisation a pris le pas sur la stratégie et que les moyens immenses qui se sont combinés dans cette action ramènent l'humanité à ses âges farouches : matériels militaires, dispositif de communication, de propagande et de manipulation des esprits sont comme pris d'affolement. C'était comme si l'on tentait, face à une situation inattendue, de mobiliser et de mélanger l'ensemble des ressources pour instaurer cette confusion propre à occulter un échec. Car, pour ceux qui comptaient sur un effet d'apocalypse, devoir, aujourd'hui, contourner Karbala faute de venir à bout de sa résistance, afin de cingler sur une Bagdad au-dessus de laquelle se succèdent des vagues de bombardements aériens et sur laquelle convergent d'incessants pilonnages, l'action ne peut passer pour un succès. Quel que soit son dénouement, si l'on songe qu'en définitive, ce n'est pas la chute d'un régime dictatorial qui est visée, mais l'accaparement d'un pays en vue d'une colonisation pure et simple ainsi que le laissent présumer les plans US. En tout état de cause, l'issue de la bataille de Bagdad ne signifiera pas la fin d'une guerre appelée à durer et, certainement, à connaître des développements encore difficiles à imaginer. M. A.