Le ministre des Finances relève tout de même une amélioration progressive de l'intermédiation bancaire. “Compte tenu de la surliquidités bancaires, le taux de transformations des ressources demeure encore relativement faible (autour de 55%).” C'est le constat dressé par le ministre des Finances, M. Mourad Medelci, à l'ouverture du Forum international de la finance qui se tient du 7 au 9 mai à l'hôtel El-Aurassi. Le ministre relève tout de même une amélioration progressive de l'intermédiation bancaire à travers une croissance significative des ressources de 17% en 2006, contre 7% en 2005, une nette augmentation du niveau de financement de l'économie, dans un contexte d'amélioration du portefeuille des banques et une part importante du secteur privé dans l'encours total des crédits (52,8% en 2006 contre 49,6% en 2005). En termes de réalisation, le ministre évoque le raffermissement des assises du secteur bancaire par la réduction des créances improductives par le biais d'opérations d'assainissement de bilans des banques, qui permettront d'augmenter considérablement leurs capacités d'engagement tout en se conformant davantage aux règles prudentielles. Comme actions entreprises, le grand argentier du pays cite le renforcement du management des entreprises financières par l'amélioration du gouvernement d'entreprises dans les banques et les sociétés d'assurance. Des mesures ont été mises en place visant la réhabilitation du rôle du conseil d'administration dans ces institutions ainsi que l'institution des comités d'audits. Le système de règlement brut en temps réel (RTG) et le système de paiement de masse, deux vecteurs de la modernisation du secteur financier ont été mis en exploitation, respectivement en février et mai 2006. La montée en charge du système de télécompensation se fait progressivement et intègre les principaux instruments de paiement. Et puis, il y a le processus d'ouverture du capital du Crédit populaire d'Algérie (CPA) à un partenaire stratégique qui fait couler beaucoup d'encre, mais dont le déroulement n'inquiète nullement les pouvoirs publics. “L'année 2006 a été consacrée aux travaux préparatifs à la privatisation de cette banque, alors que l'année 2007 connaîtra la réalisation effective de la transaction”, souligne M. Mourad Medelci précisant à la presse en marge du forum que “le processus se déroule normalement et que la conclusion se fera avant la fin de l'année”. Pour autant, des intervenants proposent une démarche “prudente” dans le processus de privatisation qui doit se traduire par des gains. M. Dhafer Saïdane, professeur à l'université de Lille, explique que “les gains dont doivent s'assurer les autorités financières dans le processus de privatisation se résument essentiellement en la contribution de la banque-acquéreur dans l'accroissement de l'efficience du secteur bancaire local, l'amélioration de la confiance non seulement des clients, mais aussi des investisseurs étrangers et le développement du système des paiements”. Pour cet expert, la situation financière difficile des banques publiques algériennes rend d'autant plus nécessaire l'adoption d'une stratégie cohérente en vue de réduire progressivement le rôle de l'Etat dans le secteur. Le taux de bancarisation en Algérie est plus faible, par rapport à la Tunisie ou au Maroc. En raison de la faiblesse du recours des institutions non financières aux marchés des capitaux, l'intermédiation bancaire demeure le principal instrument du financement des entreprises. Pour l'Algérie, le concours bancaire à l'économie reste loin derrière le Maroc et la Tunisie. La stratégie d'assainissement est un préalable indispensable aux restructurations. “Il s'agit d'un ensemble de conditions nécessaires permettant d'évoluer vers un système bancaire plus solide basé sur une meilleure gouvernance”, soutiennent les experts. Meziane Rabhi