Un vrai casse-tête pour le successeur de Jacques Chirac, qui emménage aujourd'hui à l'Elysée. Les nombreux soutiens de Nicolas Sarkozy attendent tous un retour d'ascenseur et il devrait y consentir malgré ses déclarations quant à sa détermination de rester le seul maître à bord. Son écrasante victoire n'est pas tombée du ciel et ce n'est que le fruit de son propre marathon pour la magistrature suprême. Les grosses pointures de la droite traditionnelle, les animateurs de la jeune génération “Sarkozy”, le Medef (syndicat du patronat), les patrons des grands médias, pour ne citer que cette partie importante de l'establishment français, ont suffisamment mouillé le tricot de corps pour ne pas être payés en retour. C'est d'ailleurs la grande bousculade aux postes. Le premier gouvernement de Nicolas Sarkozy était toujours en gestation la veille de son intronisation. Sarkozy, qui souhaite un exécutif ouvert sur le centre et la gauche, poursuivait hier consultations, et l'on a même annoncé qu'elles se poursuivraient après la passation de pouvoir. Ses fidèles, qui piaffent d'impatience, ont les nerfs à vif. C'est tellement la curée que son mentor, l'ex-Premier ministre de Chirac, Jean-Pierre Raffarin, qui a été parmi les premiers chiraquiens à rejoindre Sarkozy, a ironisé en jugeant naïfs ceux qui pensent que le gouvernement est une récompense. “Ce n'est pas facile de faire un gouvernement de 15 membres, je peux en parler”, a ajouté Raffarin qui est certain de la nomination de François Fillon à Matignon. Sarkozy tente, en effet, d'apprivoiser des personnalités hors de sa propre famille, comme le jospiniste Hubert Védrine à qui il a offert le Quai d'Orsay, la politique étrangère, ou encore chez les radicaux de gauche, sans compter les députés UDF qui ont trahi Bayrou. Face à l'amertume de sarkozystes, déçus de faire les frais de la politique d'ouverture du gouvernement, le ministre délégué aux Collectivités territoriales, Brice Hortefeux, a observé hier que le président élu n'avait jamais promis un poste à qui que ce soit. Hortefeux s'est, lui, assuré, soit de la tête de l'UMP, soit du ministère de l'Intérieur. Son amitié avec le président remonte à 30 ans. Nicolas Sarkozy a démissionné de la présidence de l'UMP, lundi à Paris lors d'un conseil national du parti majoritaire, et est remplacé par une direction collégiale, en attendant un congrès à l'automne. Il a également annoncé sa démission de la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine. L'élection cantonale partielle, pour le remplacer, aura lieu en même temps que les législatives, le mois prochain. Là aussi on se bouscule pour la députation. Sarkozy a de quoi se frotter les mains, chez sa malheureuse rivale, Mme Royal, c'est la guerre des chefs. Le Parti socialiste est loin de trouver ses marques après sa défaite. C'est la seconde fois (2002 et 2007) et les “éléphants” du Parti socialiste n'ont pas d'autre parade que de discréditer Mme Royal ! Même son propre compagnon, François Hollande, le premier secrétaire du PS, est de la partie. D. Bouatta