Résumé : Saïd propose d'emmener Aziza aux séances chez la psy. Dalila pense et croit qu'elle va mieux. Et ce, jusqu'au jour où elle découvre ses dessins. Des témoignages de l'horreur qu'elle a vécue. Elle réalise avoir manqué à son devoir, à ses promesses. Tout ça par orgueil… -Je ne t'ai pas vue sourire depuis… depuis un moment, remarque Saïd. Quelque chose te tracasse ? Dalila secoue la tête. Elle n'est pas fière d'elle. Depuis qu'elle a découvert les dessins de Aziza, sa mauvaise conscience lui gâche ses journées et même son sommeil en est troublé. - En effet, reconnaît-elle. Je regrette de ne pas avoir écouté la psy. Aziza n'a que des images d'horreurs dans la tête. J'ai trouvé ses dessins et j'ai eu la chair de poule ! - Pourtant, elle paraît bien ces dernières semaines, dit son mari. Personne ne peut se douter des tourments qui l'habitent. - Oui, seulement en apparence, soupire Dalila, que les regrets rongent. J'ai conscience d'avoir manqué à mon devoir… - Tu as toute la vie pour te rattraper ! Elle remercie son mari. Il a réussi à lui remonter le moral. Elle reprend espoir. Elle est bien soulagée lorsqu'il emmène Aziza à sa séance chez la psy. Elle peut se reposer sur lui. Aux nouvelles qu'apporte son mari, Aziza n'a toujours pas parlé. Il lui est encore impossible de raconter les atrocités qu'ont vécus sa mère et ses tantes. À la deuxième séance Aziza consent à parler uniquement de sa nouvelle famille, de ses camarades de classe. Lorsque la psy tente d'orienter leur discussion, elle se ferme. Elle rentre à la maison, le visage décomposé. Elle ne devait pas apprécier que la psy la presse de questions chaque fois qu'elles se retrouvaient. - Je ne veux plus y aller, dit-elle un soir à Dalila. Je perds mon temps. - Comment peux-tu dire des choses pareilles ? Elle t'aide, la défend Dalila. C'est vrai, certaines discussions doivent te déplaire mais il faut bien que tu en parles à quelqu'un ! - J'ai des tas de leçons à revoir, j'en ai raté plein, dit Aziza. Je vais redoubler cette année si je n'ai pas de bonnes notes ce trimestre ! - Quel mal y a-t-il à redoubler ? - Je ne veux pas être séparée de mes camarades, je tiens à rester avec elles ! insiste la fillette. S'il te plaît, laisse-moi réviser ! - Je veux bien, mais… que dis-tu si c'est moi qui t'emmène chez la psy, cette fois ? propose la mère d'accueil. Si tu veux, j'assisterais à vos discussions ? - Je ne veux plus y aller… Si Dalila n'insiste pas, elle n'en est pas moins inquiète. Elle ne sait quoi faire. Saïd est de son avis. Elle doit continuer à voir la psy mais à la moindre allusion, ils voient bien que Aziza se raidit. Elle ne crie pas son refus mais il est si frappant qu'ils décident de ne plus en parler devant elle. Dalila appelle la psy, quelques heures avant le rendez-vous. Elle la met au courant du refus de la fillette. - Je vois bien qu'elle souffre. Est-ce que je dois l'amener de force ? - Non, non… On doit attendre. Elle n'est pas encore prête. Gardez un œil sur elle, lui conseille la psy. Soyez vigilante ! Dalila le lui promet. Elle prépare le déjeuner et en voyant qu'il est bientôt l'heure de la sortie des classes, elle prend ses clefs et ferme derrière elle. Comme d'habitude, elle se rend à l'école pour chercher Aziza. Elle arrive un peu en retard. Les élèves sont déjà sortis. Et Aziza ne l'a pas attendue… A. K. (À suivre)