Pour le premier secrétaire du FFS, “ce vote a permis une décantation” entre, d'un côté, “ceux qui se sont tournés vers le pouvoir et les privilèges qu'il offre” et, de l'autre, “ceux qui ont fait le choix de se tourner vers la population”. C'est un Karim Tabbou visiblement très heureux qui s'est présenté, hier, devant les journalistes pour livrer les appréciations de son parti, le Front des forces socialistes, sur les élections législatives du 17 mai, ainsi que les nombreuses questions qu'elles ont charriées, par un taux d'abstention jamais enregistré dans l'histoire du pays. Les responsables du FFS considèrent que le boycott massif constaté lors de cette élection était “prévisible” et que le chiffre officiel de 35% “reste largement inférieur au taux de participation habituellement annoncé lors des précédentes consultations”. Mais, cela n'empêche pas le parti d'Aït Ahmed de contester le taux rendu public par le ministre de l'Intérieur, estimant que “le taux réel de participation avoisinerait 12%”. M. Tabbou indique, à ce propos, que son parti a mis en place, à l'occasion de ces élections, un dispositif permettant d'avoir une estimation proche de la réalité concernant la participation au vote. Un dispositif qui a touché 12 wilayas prises comme échantillon et qui ont donné un taux oscillant entre 12 et 13%. Le tout nouveau premier secrétaire du FFS n'a, en tout cas, pas caché sa pleine satisfaction devant la tournure des évènements. Pour lui, en s'abstenant de voter massivement et en glissant près de un million de bulletins nuls, “les Algériens ont fait la démonstration dans le calme et la sérénité de leur rejet de la politique de répression menée par le pouvoir”. Mais, M.Tabbou ne s'est pas, cette fois-ci, contenté de s'attaquer au pouvoir et au système comme il l'a habituellement fait. Ni les médias officiels, et particulièrement la radio et la télévision, ni les partis qui ont pris part à ces élections n'ont échappé à la diatribe du premier secrétaire du FFS pour qui “ce vote a permis une décantation” entre, d'un côté “ceux qui se sont tournés vers le pouvoir et ses privilèges qu'il offre” et, de l'autre, “ceux qui ont fait le choix de se tourner vers la population”. Pour lui, ceux qui ont participé “ne sont préoccupés que par le partage des sièges”. “Les Algériens étaient conscients qu'après les élections, les mêmes équilibres vont rester, le même gouvernement va rester. Tout est fait pour que tout reste en place. Le système est dominé par les services et les autres ne sont que des potiches”, analyse M. Tabbou. Le FFS, par contre, “a le mérite d'avoir choisi les rangs de la population”, selon M. Tabbou qui déclare que “le FFS ne prétend pas s'arroger ces résultats même si, d'après lui, “il y a largement contribué”. “Le parti des bulletins nuls s'est classé en seconde position dans cette élection et, dans l'absolu, il s'est adjugé 92 sièges”, relève le n°2 du FFS qui va, dans son réquisitoire, jusqu'à contester les chiffres se rapportant au corps électoral qu'il trouve exagérés. L'orateur qui trouve que cette élection a constitué “un référendum contre l'arrêt du processus électoral, contre la politique du tout-sécuritaire, contre les politiques de la rahma et de réconciliation nationale”, estime que “l'abstention a été un choix vis-à-vis d'un système qui a tout fait pour dévaloriser la classe et l'action politique et qui a bâti sa politique sur la répression et la fermeture de tous les champs d'expression”. Le premier secrétaire du FFS a beaucoup ironisé hier sur l'intervention et les explications du ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni concernant les résultats des élections. Les élections passées, les responsables du FFS s'attendent à des “pressions et même des représailles” de la part du pouvoir contre leur formation et leurs militants en “raison de la position de boycott adoptée lors de ce scrutin”. Hamid Saïdani