Combats sanglants au Liban, non loin de la Syrie, qui a, du coup, bouclé sa frontière. Alors que l'armée libanaise renforçait son dispositif autour des camps de réfugiés palestiniens, à l'exemple de celui de Tripoli d'où ont éclaté, en début de semaine, les violents affrontements entre les forces libanaises et les militants palestiniens du Fatah El Islam, qui ont fait au moins 47 morts. Ce camp palestinien, Nahr El-Barad, proche de la frontière syrienne, où vivent 30 000 réfugiés, est au cœur des combats. Des responsables des forces de sécurité libanaises ont fait état de 27 morts dans leurs rangs et 20 dans ceux de la guérilla, dont 7 au camp des réfugiés. Des dizaines de personnes sont également blessées, dont 19 soldats et 14 policiers. Le Fatah El Islam est un groupuscule extrémiste palestinien, émanation, selon les Libanais, du pro-Syrien Fatah Intifada, qui fit sécession du Fatah de Yasser Arafat au début des années 1980, et est basé en Syrie. Fatah El Islam prône effectivement la guerre sainte sur le sol libanais depuis l'année dernière. Ces hommes, qui seraient entre 50 et 200, ont, toujours selon les Libanais, profité de la guerre menée par Israël contre le Hezbollah l'été dernier pour pénétrer sur le territoire libanais. Fatah El Islam serait un groupe composé d'anciens membres qui a recruté pour la guérilla en Irak. Le groupuscule est, par ailleurs, accusé de travailler également pour le compte d'El Qaïda, bien que ses dirigeants se défendent d'avoir aucun lien logistique avec la nébuleuse islamiste. Ce qui inquiète les services libanais, c'est l'éventuelle transplantation dans le pays des méthodes terroristes irakiennes. Des attentats, imaginés par Fatah El Islam contre des personnalités politiques ou contre la force de l'Onu sont redoutés. Selon ces derniers, l'un des militants palestiniens tués dans le camp des réfugiés est soupçonné dans un attentat avorté contre un train en Allemagne, signe tangible, aux yeux des autorités libanaises, que Nahr El-Barad est devenu un sanctuaire pour des activistes chargés de perpétrer des attentats hors du Liban. L'armée libanaise ne fait pas de quartiers dans sa lutte contre les activistes. Le pilonnage des positions du Fatah El Islam est très violent, mais les obus tombent en grand nombre sur les maisons des réfugiés. Le Liban renferme 12 camps de réfugiés palestiniens du Liban, où dominent des formations politico-militaires, qui échappent depuis quarante ans à l'autorité de l'armée libanaise, qui se limite à maintenir des postes de contrôle aux entrées. D. B.