C'est l'image de l'homme en qui le monde entier a toujours reconnu un dictateur qui risque d'en être rehaussée. On sait la tempête de protestations soulevée dans le monde entier par la décision unilatérale de Bush de s'attaquer à l'Irak dont il accusait le président de détenir des armes de destruction massive. On sait aussi que, passant outre, le chef de l'Etat le plus puissant du monde a déployé son armada et déclenché une invasion qui en est à sa 18ème journée. Aujourd'hui encore, des informations en provenance de nombreuses villes d'Europe font état de manifestations populaires contre la guerre menée en Irak par la coalition américano-britannique. Certes, ce ne sont plus les immenses marches qui ont dressé à Londres, Paris et plusieurs autres capitales du monde, des centaines de milliers de femmes et d'hommes pour fustiger le mépris affiché par le président américain à l'égard des décisions des Nations unies. Pour autant, ces actions, qu'elles se déroulent à Heidelberg, autour du quartier général des forces US en Europe, ou à Sofia, Zaghreb, Berne et Zurich n'en marquent pas moins le désaveu et la dénonciation fermes d'une démarche qui fait fi du droit international de la part d'une puissance qui se targue d'en être le champion. On retiendra, entre autres formules et déclarations entendues çà et là, parmi les manifestants, la stigmatisation de la politique de deux poids, deux mesures appliquée par les USA. “On envahit un pays car son régime refuse de se plier aux décisions de l'ONU, et on ferme les yeux sur Israël qui se moque des résolutions des Nations unies et opprime depuis 35 ans le peuple palestinien”, s'indigne une étudiante danoise qui participait hier à Copenhague à une chaîne humaine autour des ambassades US, britannique et espagnole. A Sofia où un millier de jeunes exige la démission du gouvernement, la colère est dirigée également contre les coalisés : “Nous ne soutenons pas un dictateur, mais nous ne croyons pas que la paix et la démocratie puissent être imposées par la violence.” Quelle que soit l'issue de la guerre et au-delà des coûts exorbitants qu'elle infligera au peuple irakien et à l'humanité, il restera cette vérité que les justifications brandies par les forces d'invasion relèvent de la mystification pure et simple. Paradoxalement, c'est l'image de l'homme en qui le monde entier a toujours reconnu un dictateur qui risque d'en être rehaussée. M. A.