Après la menace de Bush contre El Bechir du Soudan, la Chine a immédiatement manifesté son hostilité à un éventuel élargissement des sanctions frappant le gouvernement soudanais à propos de la crise au Darfour, où les Nations unies souhaitent déployer une force hybride, ONU-Union africaine, forte de plus de 23 000 soldats et policiers. “Elargir les sanctions ne pourrait que rendre le problème plus compliqué à régler”, a déclaré le diplomate chinois chargé du dossier Darfour, soulignant que les pressions et les sanctions ne contribueraient pas à une solution, en réaction à une nouvelle saisine du Conseil de sécurité par Washington. Pékin laisse ainsi entendre qu'il userait de son droit de veto pour bloquer tout nouveau texte qui ne serait pas agréé par le gouvernement de Khartoum. La Chine, qui achète la majeure partie du pétrole soudanais, est contre l'envoi de Casques bleus mais soutient l'arbitrage de l'UA en annonçant, début mai, l'envoi de 275 militaires du génie pour renforcer le contingent africain déployé au Darfour pour s'interposer entre les rebelles et l'armée gouvernementale. Le président américain devait annoncer hier de nouvelles sanctions économiques contre le gouvernement soudanais pour son rôle dans la crise au Darfour, demandant une nouvelle résolution, plus musclée, des Nations unies contre Khartoum, accusé d'empêcher la communauté internationale d'agir pour améliorer la situation au Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan, théâtre d'une des plus graves crises humanitaires actuelles. Washington menace, pour sa part, d'empêcher davantage les compagnies au Soudan d'utiliser le système financier américain, et de faire la chasse aux individus soupçonnés de violences dans cette province soudanaise, où plus de 200 000 personnes ont été tuées en 4 années de combat et 2 millions d'autres ont été déracinées par la guerre civile et les exactions à grande échelle. Les Nations unies ont, de leur côté, remis, vendredi dernier au Soudan, un projet détaillé pour l'envoi au Darfour d'une force d'interposition de plus de 23 000 militaires et policiers chargés de protéger la population civile et de recourir à la force à titre dissuasif. Ce projet de force hybride associant l'Onu et l'Union africaine devra cependant être entériné par le Conseil de sécurité de l'Onu, après l'approbation de l'opération par le gouvernement de Khartoum et le Conseil de paix et de sécurité de l'UA. Washington compte faire passer la résolution dès lors que c'est son représentant permanent, Zalmay Khalilzad, qui préside ce mois-ci les quinze du Conseil. Khartoum dit examiner la nouvelle proposition de l'Onu. Face aux intenses pressions exercées sur Khartoum par les Occidentaux, Pékin a promis de faire son possible pour trouver une solution acceptable par toutes les parties ! Certaines capitales occidentales ont commencé à laisser entendre qu'elles n'hésiteraient pas à bouder les jeux Olympiques que Pékin prépare avec faste. D. Bouatta