En dix ans à la tête du département, il aura marqué de son empreinte l'école algérienne. Boubekeur Benbouzid est un cas atypique dans les annales politiques algériennes. Sa longévité est digne de figurer dans le Guiness des records. Il est à la tête du secteur de l'enseignement depuis 14 ans. Il est entré au gouvernement en 1993 en tant que délégué à la Recherche scientifique, après avoir été recteur de l'université de Blida. Ensuite, il hérite de l'enseignement supérieur avant d'être appelé à la barre pour diriger le navire de l'éducation depuis 1997 en pleine tempête. Soit 10 ans à la tête d'un ministère, premier budget de la nation, qui n'est pas facile à gérer. Encore plus pour Benbouzid, un francophone qui arrive dans un secteur traditionnellement placé sous la coupe des “baâthistes”. Le secret de sa longévité est à chercher dans sa capacité à “désidéologiser le débat sur l'école” pour le situer exclusivement sur un terrain de la performance et de la compétence. Ce qui a fait de lui un homme du consensus qui a su dialoguer avec les uns et les autres. “Il a affronté les problèmes avec beaucoup de courage et de conviction, au moment où les gens ne se sont pas déterminés sur les enjeux de la modernisation et du progrès de l'éducation”, dit on, dans son entourage. Dans ce même entourage, on préfère retenir, de l'œuvre de Benbouzid, toutes les innovations qu'il a introduites progressivement dans le système éducatif pour le rendre plus efficace. On cite à ce sujet la rupture avec le système des quotas pour le passage d'un niveau à un autre avec une moyenne de 10/20. On retient également le fait qu'il a introduit l'exigence d'un diplôme universitaire, la licence, pour l'enseignement au primaire. Au-delà de ces aspects, dont on commence d'ailleurs à sentir les effets positifs, Benbouzid reste également synonyme de réforme du système éducatif. Pour les uns, cette réforme est une remise en cause de “l'école authentique” à travers la réhabilitation des langues étrangères, et pour d'autres, il n'a pas osé aller loin en réduisant la réforme de la commission Benzaghou à “des mesures techniques vidant cette réforme de sa substance”. Mais dans son entourage, on estime qu'il “a mis les bouchées doubles et a réussi à faire bouger les choses, à mettre tout le monde à jouer sur le même tempo”. Ce qui est loin d'être évident dans un secteur où l'emprise de l'idéologie est forte. “Pour la réforme, il faut des hommes, loyaux, honnêtes et compétents”, nous dit-on encore dans son entourage où l'on considère que “la réforme est une œuvre de longue haleine et ses résultats ne peuvent être quantifiés qu'avec le temps. C'est aussi un travail quotidien de réajustement”. Indépendamment du bilan que peuvent avoir les uns et les autres sur son action, Benbouzid aura indiscutablement marqué l'école algérienne. Sera-t-il reconduit ou cédera-t-il le témoin ? That's the question. N. S.