De nombreux Sénégalais ont choisi de ne pas participer aux élections législatives que les principaux partis d'opposition boycottaient pour protester contre la “monarchie” incarnée, selon eux, par le président Abdoulaye Wade. L'opposition avait retiré ses candidats en avril en accusant le gouvernement d'avoir manipulé le scrutin qui a reconduit Wade à la présidence en février avec 56% des voix. Le boycottage devrait offrir une victoire facile à la coalition du “Sopi” (changement en wolof) du président Wade, et renforcer sa représentation à l'Assemblée nationale, qui compte depuis peu 150 sièges au lieu de 120. Le camp présidentiel pèsera sans doute plus lourd au parlement, mais le boycott risque de ternir l'image de modèle démocratique dont jouit le Sénégal en Afrique de l'Ouest. Le Sénégal vit un malaise général suite aux présidentielles, il traverse une période “d'essoufflement démocratique”, estime Alioune Tine, représentant du Raddho, un groupe de défense des droits de l'homme dakarois. Wade, dont la première victoire électorale a mis fin, en 2000, à quatre décennies de domination socialiste, est accusé par ses adversaires de ne pas combattre assez résolument la pauvreté, le chômage chronique et le désenchantement croissant d'une jeunesse qui lorgne vers le mirage européen au prix de leur vie. Le président octogénaire, surnommé “Gorgui”, le vieux, a toutefois le soutien des investisseurs et dirige un pays qui demeure “un rare exemple de paix et de stabilité dans la région”, aux yeux des observateurs. D. B.