RESUME : Abderrahman voit bien que Aziza-Zizou est soucieuse et fatiguée. Il lui ordonne de prendre un congé de trois semaines. Il possède un bungalow à Tigzirt où elle se rendra dès le lendemain. Aziza l'ignore encore mais il a pris une importante décision… Aziza est bien décidée à profiter de son séjour, à Tigzirt, pour réfléchir à sa situation. La réponse du spécialiste l'a déçue mais elle ne se décourage pas. Il doit bien exister une clinique ou un chirurgien qui acceptera de l'aider. Ce n'est pas parce que le Dr Aghilès a refusé que les autres ne seraient pas tentés d'intervenir. Si c'est une question d'argent, elle payera le prix fort. Avec le Dr Aghilès, elle n'en a pas parlé mais elle pense aborder la question avec les prochains qu'elle verra. Peut-être que l'un d'eux acceptera ? “Le rêve !”, pense-t-elle. Elle se repose et ne sort pas du bungalow pendant trois jours. Elle a acheté tout ce dont elle avait besoin avant d'arriver. Durant ces trois jours, elle s'est contentée de grillades et de laitages. Pour remplir le frigo, elle doit se rendre au centre-ville. Et elle n'achète pas que des légumes et des fruits, elle entre aussi dans un cabinet médical d'un généraliste. Elle attend patiemment son tour. Il n'y a pas beaucoup de malades. Son tour vient rapidement. Le médecin est une jeune femme. Elle l'accueille en souriant. - Bonjour docteur, dit Aziza, en retirant sa casquette. Je ne suis pas souffrante… J'ai besoin de renseignements… - Quels renseignements ? - Je voudrais savoir s'il existe une clinique où est pratiqué la chirurgie esthétique ? demande-t-elle. - Pourquoi ? - Je voudrais changer d'apparence, répond-elle. Enfin, je veux diminuer le volume de ma poitrine… -Elle n'est pas forte du tout, réplique le médecin. Pourquoi ? En quoi vous gêne-t-elle ? - En tout, elle m'empêche de dormir tranquille. Je dois m'en débarrasser, insiste Aziza. Ainsi, je serais presque un homme ! - Comme vous venez de le souligner, c'est “presque”, car l'essentiel restera, dit le médecin. Je ne comprends pas pourquoi vous êtes obsédé par votre apparence. Vous voulez devenir un homme ! Mais pourquoi ? - Personne ne peut comprendre, dit Aziza. Je vous en prie, renseignez-moi ! Connaissez-vous une clinique ou un chirurgien qui pratique l'esthétique ? Le médecin n'est pas du tout désolé quand elle lui affirme que non. - J'aurais voulu vous aider autrement ! Vous avez besoin qu'on vous écoute, dit-elle. Pourquoi ne pas consulter un psychologue ? Je suis sûre qu'il saura vous guérir des démons du passé ! Aziza refuse de prendre la carte qu'elle lui tend. - Vous êtes tous les mêmes ! Elle part sans lui dire au revoir. Elle n'est pas déçue cette fois. Elle n'a pas été surprise. Elle s'y attendait. Cela ne l'empêchera pas de poursuivre ses recherches. Elle finira bien par trouver un chirurgien intéressé par son cas. Durant le reste de ce congé imposé par son patron, elle en profite pour se reposer. C'est lors d'une soirée télé qu'elle trouve une solution à son problème. Elle pense à demander un visa pour se rendre en France. Là-bas, il y a des cliniques. Elle s'imagine mal un chirurgien lui refuser ce qu'elle demandera. Elle a les moyens de régler l'intervention. Depuis qu'elle travaille à la station-service, elle n'a jamais touché à son salaire. Elle peut se permettre bien des choses. De retour chez “elle”, elle est plus optimiste. Son sourire et son air détendu frappent son entourage. Abderrahman, son patron, réalise que le manque de repos et de changement a usé le moral de Zizou. Heureusement qu'il a pu se rattraper. Il est décidé à l'envoyer se reposer, plus fréquemment. Ce soir-là, après l'avoir invité à dîner, il insiste pour discuter avec lui. Une discussion entre hommes… A. K. (à suivre)