Pour la hausse, une fois de plus, du prix de la pomme de terre, l'argument est vite trouvé : le mildiou. Mais qu'en est-il pour les autres fruits et légumes ? Dame Pomme de terre a donné le ton en dépassant le seuil d'alerte des 50 DA le kilo. À Mostaganem, Oran, Tlemcen ou Mascara, le constat est le même : la mercuriale des fruits et légumes est pour le moins inhabituelle pour la période pré-estivale. Dopés, sur tous les marchés de la région, les prix des fruits et légumes ont flambé, anéantissant du coup tous les efforts et objectifs escomptés par les programmes de soutien de l'Etat. Sans le moindre scrupule, la marchandise locale rivalise avec le produit exotique en matière de prix. Devant les étals, le commun des consommateurs, éternel dindon de la farce, tout comme le fellah sont dans l'expectative, subissant de plein fouet les conséquences d'un marché obéissant aux lois de la magie plutôt qu'à celles de l'économie. Bien évidemment, dans le manège, les marchands de gros ou au détail plaident non coupables. Tout comme vous, consommateurs, ils ne font que “subir amèrement les conséquences de l'offre et de la demande”. S'exprimant en connaissance de cause pour avoir perçu le cours, jugé dérisoire, auquel il a dû céder sa production, l'agriculteur apprécie amèrement que l'intermédiaire ayant pris son relais gagne autant, voire plus, que lui mais sans avoir consenti les mêmes efforts ni frais de production. Pour la pomme de terre, l'alibi est vite trouvé. La “faute” incombe au mildiou ayant décimé les deux tiers de la production de la saison et provoqué une pénurie. Le même fléau cryptogamique aurait particulièrement affecté les autres spéculations arboricoles et maraîchères. Ainsi, pomme de terre et tomate qui, à peine quelques jours auparavant, plafonnaient à 30 et 40 DA/kg ont pris du jour au lendemain 20 DA de plus au kilo. Le poivron, qui entame sa pleine production, ne daigne décidément plus descendre en deçà du seuil des 60 DA/kg, quasi inaccessible aux bourses moyennes. À en croire nombre d'arboriculteurs et de marchands, qui se disent bons observateurs de la situation, le pire serait à craindre pour le consommateur de fruits. Et d'expliquer que la tendance haussière des cours sera la conséquence incontournable de la faiblesse des rendements attendus cette saison. Les arboriculteurs estiment “doctement” que les caprices climatiques de cette saison ont favorisé les ravages du mildiou à travers les vergers de la région et ce, en dépit du suivi et des traitements phytosanitaires effectués en temps opportun, assurent-ils. Qu'il tique ou qu'il recule momentanément devant l'étal, nonobstant les explications avancées par les uns et les autres, le consommateur, quant à lui, se console d'une accusation, parfois fondée, parfois gratuite, de son marchand de fruits et légumes. Jamais il ne sera capable de transpercer l'opacité d'un système de commercialisation défaillant qui échappe à toute régulation. M. O. T