Le G8, interpellé par les représentants de l'Afrique, dont le président Bouteflika, met la main à la poche : 60 milliards de dollars. Et il promet que cette fois, ce ne sera pas une simple promesse. Le dernier jour du Sommet du G8 dans le nord de l'Allemagne a été marqué par la participation des dirigeants des pays émergents, des dirigeants du continent africain cofondateur du Nepad, dont le président Abdelaziz Bouteflika qui s'est fait l'avocat des insatisfactions africaines quant aux promesses des pays les plus riches. Le message des Africains aura été entendu, devait annoncer la chancelière Angela Merkel après s'être longuement entretenue avec Abdelaziz Bouteflika. “Le G8 est parvenu à un consensus sur l'aide au continent africain : pour l'Afrique nous envisageons une coopération plus forte et un contrôle plus rigoureux de l'état d'avancement des promesses faites”, a déclaré l'hôte de ce G8. La demande des dirigeants africains s'est accompagnée, selon ses propres propos, par leurs propres engagements à réduire la pauvreté sur leur continent, a également déclaré Mme Merkel en réponse aux procès du contre-sommet de Rostow, selon lequel l'aide à l'Afrique irait dans la poche des nomenklaturas et des élites au pouvoir quand elle ne sert pas à maintenir le continent dans une situation de dépendance via les échanges inégaux et diverses contraintes au nom de la globalisation. Les pays du G8 ont donc, au dernier jour de leur sommet, promis de débloquer une soixantaine de milliards de dollars pour aider l'Afrique, notamment dans la lutte contre les pandémies. Régulièrement accusé de négliger l'Afrique, le G8 tente ainsi de reprendre l'initiative en promettant une contribution sonnante et significative au continent le plus pauvre pour la lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose. La moitié sera prise en charge par les Etats-Unis qui avaient déjà promis fin mai un doublement de leur aide dans ce domaine à 30 milliards de dollars. Washington, Berlin, Moscou, Paris, Londres, Ottawa, Tokyo et Rome ont aussi réaffirmé leur engagement pris, il y a deux ans, à Gleneagles, de doubler le montant de leur aide à l'Afrique en 2010 par rapport à 2004, ce qui représenterait une enveloppe supplémentaire de 50 milliards de dollars par an à cette date. Les représentants de l'Afrique ont demandé à voir car l'engagement pris en Ecosse en présence du Nepad, dont le président Bouteflika, n'a pas été honoré. C'est tout juste si le G8 avait consacré la moitié de ce qu'il avait pourtant avancé avec une formidable médiatisation. “Nous sommes conscients de nos obligations et souhaitons tenir les promesses”, a juré la chancelière allemande Angela Merkel devant les interrogations de ses hôtes africains. Le président Bouteflika et ses pairs africains dirigeants des pays initiateurs du Nepad, le Sud-Africain Thabo Mbeki, le Nigérian Umaru Yar Adua et le Sénégalais Abdoulaye Wade, ainsi que le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi et le président de l'UA, président en exercice du comité de mise en œuvre du Nepad, le Ghanéen John Kufuor, et le président de la Commission de l'UA Alpha Oumar Konaré, n'avaient sûrement pas manqué de rappeler à leurs interlocuteurs du G8 qu'ils traînaient les pieds pour venir en aide au continent le plus affecté par l'échange inégal et les lois de la mondialisation. Les six chefs d'Etat africains ont été invités à la clôture du sommet vendredi, dont le président américain Bush a manqué une partie en raison de maux d'estomac. Toutefois, les militants du développement se sont dit déçus du fait de l'absence de calendrier précis pour le versement des 60 milliards de dollars qui devront être versés au cours des prochaines années et pour le contre-sommet des altermondialistes, les pays riches ont réalisé “une très faible avancée”, alors qu'“un pas de géant est nécessaire”. D. Bouatta