Selon Paul Wolfowitz, les Américains comptent bien garder Bagdad dans leur giron. La démocratisation de l'Irak n'était que de la poudre aux yeux. Les militaires yankees ne quitteront pas le territoire irakien de sitôt. C'est ce qu'a laissé entendre le secrétaire d'Etat à la Défense, que les spécialistes des affaires américaines n'hésitent pas à classer parmi les “faucons” les plus durs, en l'occurrence Paul Wolfowitz, dans des déclarations à la presse. Il a été catégorique, les soldats US ne partiront pas avant six mois après la chute définitive du régime actuel. Wolfowitz va plus loin en évoquant la possibilité d'une présence militaire américaine permanente par la suite, comme c'est le cas en Allemagne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il s'agit là d'une nouvelle forme de colonialisme déguisé. Ses déclarations ne laissent plus de doute sur les véritables intentions de la Maison-Blanche, lorsqu'elle a pris la décision d'envahir l'Irak. Wolfowitz a levé le voile sur les vraies raisons de la guerre en Irak, que beaucoup de pays avaient déjà dénoncé par le passé. Les réserves de pétrole de ce pays, évaluées à 11 et 12% des réserves mondiales, reviennent au devant de la scène pour rappeler aux incrédules tout l'intérêt que Washington a toujours porté à Bagdad. Maintenant, les Américains et les Britanniques ne peuvent plus cacher le soleil avec un tamis, l'opération “Liberté en Irak”, n'était qu'un prétexte fallacieux pour enclencher l'occupation de cet Etat, qui a tant gêné les intérêts US dans la région. Désormais, la voie est libre. Londres et Washington ont fait d'une pierre deux coups. Ils auront, à l'avenir, toute latitude de fixer les prix du pétrole qui arrangeront leurs économies respectives, car l'OPEP ne sera plus qu'un lointain… désagréable souvenir. En ouvrant à fond les vannes des puits de pétrole irakien, ils auront procédé à la mise à mort de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Le second objectif atteint est la sécurité procurée à Israël qui se voit ôter du pied une épine fort douloureuse. Sharon agira alors à sa convenance, sans se soucier des réactions des pays arabes impuissants. Même la Syrie, qui est depuis longtemps dans le collimateur des coalisés, subira un sort similaire à celui de l'Irak si elle osait perturber la quiétude de Tel-Aviv. L'avertissement a été adressé sans détour à Damas ces jours-ci, en lui rappelant qu'elle fait toujours partie de l'“axe du mal” désigné par le locataire de la Maison-Blanche et qu'elle pourrait être la prochaine cible, si elle apportait le moindre soutien à Bagdad. La Syrie sait à quoi s'en tenir à l'avenir. L'Amérique ne tolère plus que l'on conteste le nouvel ordre mondial qu'elle entend imposer à la planète. La loi du plus fort sera appliquée dans toute sa guerre et gare aux récalcitrants. L'Irak est la première victime au nom de la liberté et de la démocratie, qui ne verront peut-être jamais le jour en Mésopotamie. Le néocolonialisme n'ayant pas atteint totalement son objectif, l'on revient apparemment au colonialisme direct pour s'assurer le contrôle des richesses de la planète. Il est évident que Washington aura recours à tous les subterfuges pour justifier sa présence en terre irakienne, mais elle ne trompera personne tant la réalité saute aux yeux. L'opposition irakienne, très divisée, qui a béni l'intervention des alliés, se mordra sûrement les doigts plus vite qu'elle ne le croit. Il sera alors trop tard et les Etats-Unis présideront sans se gêner aux destinées de l'Irak. Le droit international est sur le point de s'effacer devant la loi du plus fort. L'Amérique “le gendarme du monde”, réglera les horaires de la terre à l'heure de Washington. Y a-t-il des contestataires ? Quelles seront les réactions de Paris, Moscou, Berlin et Pékin, qui ont vainement tenté de s'opposer à l'invasion de l'Irak ? L'avenir proche nous le dira. K. A.