Pas moins de 49 bébés, nés hors mariage, ont été enregistrés durant les 5 premiers mois de l'année en cours au niveau de la wilaya de Constantine. Soit une fréquence de 10 bébés par mois en moyenne. Heureusement que le dispositif de protection sociale essaie de diminuer les effets du drame. En effet, dans le lot, 32 bébés en été placés dans des familles dans le cadre de la kafala. Un chiffre qui reflète, selon M. Boumankar, le directeur de l'action sociale de Constantine, le fait que la “kafala marche bien” malgré les réticences qu'elle a suscitées au départ au sein de certains milieux. “Pour aider les enfants abandonnés, on procède, dans un premier temps, à les placer dans nos centres pour enfants assistés où il sont totalement pris en charge par l'équipe médicale. Dans un second temps, nous lançons l'opération de la kafala, proprement dite, où il y a tout un dossier à fournir et une enquête à mener pour qu'ils puissent être, finalement, placés dans des familles qui les adoptent dans les meilleures conditions”, expliquera-t-il. L'engouement des familles algériennes pour l'adoption, qui est dans l'intérêt aussi bien des bébés abandonnés que de l'Etat, trouve plusieurs explications. Les conditions exigées auparavant, ayant été quelque peu allégées ces derniers années, pour faciliter justement la kafala, seraient, selon l'avis de notre interlocuteur, à l'origine de l'augmentation du nombre d'enfants recueillis en familles. À ce titre, le décret de janvier 1992, relatif au changement de nom, à la concordance de nom dans le cas où l'enfant est inconnu ou encore quand à la mère biologique donne son consentement par écrit à cette modification, a favorisé la levée de certaines balises qui ne facilitaient pas les choses aux postulants à la kafala. “Les familles d'accueil doivent, avant tout, faire l'objet d'une enquête sociale et fournir aux autorités concernées un dossier comprenant un nombre de documents à même de refléter la capacité des candidats à la kafala à assumer leurs nouvelles responsabilités”, nous a précisé Mme Belghadoir, assistante à la DAS. À noter que les services de la DAS ont recensé, l'année dernière, 105 mères célibataires issues de plusieurs wilayas comme Oum El-Bouaghi, Mila et Constantine. Dans le cadre du dispositif social, 71 enfants ont été recueillis dans des familles adoptives alors que 18 mères ont accepté de garder leurs bébés. “Rejetées par leurs familles, nous les prenons en charge, nous leur assurons différentes formations diplomantes afin de leur permettre de travailler et prendre soin de leurs enfants au niveau des Diar Errahma”, nous a déclaré le directeur de l'action sociale. Notre interlocuteur ajoute que la plupart d'entre elles sont originaires des wilayas limitrophes et que l'impact du “scandale” les fait fuir du foyer familial. Le DAS, qui s'est félicité des facilitations des conditions accordées par l'Etat en matière d'adoption ou de prise en charge d'enfants nés hors mariage, a précisé que son institution arrive à placer 80 enfants en moyenne par an. Autre point de satisfaction, 33 jeunes, dont 2 filles, issus de ces centres, ont intégré le monde du travail l'année dernière grâce aux efforts de la formation professionnelle. Il ont, aussi, bénéficié de logements sociaux. Betina Souheila