“Cette rencontre nous permet de faire un état des lieux qui a identifié quatre priorités majeures pour les femmes algériennes, à savoir l'évolution de la législation du droit de la famille, la violence à l'égard des femmes, la participation des femmes dans l'économie et sa participation dans la vie politique dans son intégralité”, a déclaré Mme Nadia Aït Zaï, professeur en droit, en marge du séminaire sur l'émancipation des femmes algériennes qui a eu lieu hier à l'Institut national de santé publique. Cette journée de travail est organisée par la fondation turque des études sociales et économiques Tesev, conjointement avec son partenaire local le Ciddef. “Cet état des lieux trace le contour des problèmes et prend en compte les quatre priorités de la femme en Algérie. Il offre notamment des recommandations qui serviront de base pour les discussions pendant la conférence. À cet égard, la conférence sera principalement axée sur les méthodes en vue de résoudre les problèmes existants plutôt que de redéfinir ceux déjà identifiés”, a-t-elle précisé. Cette rencontre était, également, l'occasion pour les représentants d'organismes gouvernementaux et non gouvernementaux de discuter et d'identifier les priorités d'une politique concernant l'émancipation de la femme en Algérie. Selon Nadia Aït Zaï, les priorités identifiées permettront aux représentants du Ciddef de coordonner les réalisations et les avancées des différents protagonistes concernant les droits des femmes, notamment de la femme algérienne. Par ailleurs, ses représentants faciliteront la réalisation d'un consensus pour formuler un plan d'action commun ou des lignes directrices communes aux différents participants et optimiser, ainsi, le développement et la pérennisation de cette initiative. À ce propos, la création d'un institut de genre régional — chargé de collecter, de surveiller et de centraliser les informations et de favoriser le développement des programmes régionaux — est envisagée. Concernant les mécanismes à mettre en place pour promouvoir l'émancipation de la femme algérienne, notamment sa participation dans la vie politique, Mme Aït Zaï a mis l'accent sur la nécessité d'une volonté politique au sein des instances dirigeantes soutenant que “même si cette volonté existe, elle n'est pas suffisamment affirmée sur le terrain. On ne peut pas continuer à louer le courage et la force des femmes sans leur offrir la possibilité d'accéder aux postes de responsabilité, notamment dans le domaine politique”. En outre, elle a déploré le manque de représentativité de la femme dans les institutions de l'Etat. À ce titre, elle a souligné que les femmes n'occupent que 24 sièges sur les 389 de l'Assemblée populaire nationale (APN) et 4 seulement sur les 140 sièges du Conseil de la nation, estimant que “ces chiffres reflètent l'exclusion de la femme de la scène politique en Algérie”. Par ailleurs, elle a souligné que seulement 1 600 000 des femmes algériennes travaillent, soit 17% de la population active en Algérie. Même si la conférencière n'a pas manqué de souligner la qualité de la participation des femmes dans le monde du travail, où elles sont majoritairement des cadres supérieurs. À ce propos, Mme Aït Zaï précisera que nombre de secteurs ont tendance à se féminiser. “Nous œuvrons pour que le nombre des femmes actives double et qu'elles puissent accéder aux postes de responsabilité, notamment dans la vie politique”, a-t-elle conclu. N. A.