La nécessité d'une opération d'assainissement d'envergure du secteur de l'investissement s'impose pour mettre fin à la spéculation foncière attirant de plus en plus de pseudo-investisseurs qui ne sont en réalité que des affairistes, cédant les lots pour des sommes faramineuses. Trente-trois années après sa création comme wilaya, les projets d'investissement se comptent sur les doigts d'une seule main à Oum El Bouaghi. Ces projets se dénombrent à moins d'une dizaine d'unités. Alors qu'il s'agit d'une wilaya à vocation céréalière classée 3e place à l'échelle nationale avec une totale disponibilité du foncier industriel, des sources naturelles très importantes pour la PME, des potentialités touristiques (archéologie, montagnes, zones humides…), région très proche des aéroports (Constantine, Batna), des ports (Skikda, Annaba) à trois quarts d'heure d'Alger (par avion), carrefour routier s'ouvrant sur 8 wilayas de l'Est, proche de la frontière tunisienne. Ceci étant, l'investissement à Oum El Bouaghi tâtonne toujours ! Le niveau d'investissement n'a même pas atteint les 10%, selon une expertise d'un bureau d'étude étranger. Cependant, une enveloppe dépassant les 100 milliards de centimes a été débloquée pour viabiliser les zones industrielles de Aïn M'lila et Aïn Beïda, les ZAD Oum El Bouaghi, Bir Rogaâ, F'kirina, Dalaâ… Des économistes au fait du dossier de l'investissement affichent un réel étonnement du non-décollage de cette toute nouvelle wilaya très riche en potentialités et ressources. Ils attribuent cette situation à la spéculation sur le foncier industriel qui fait rage dans les grands centres urbains et notamment à Aïn M'lila. Une situation qui est, dit-on, encouragée par l'absence de contrôle et de suivi rigoureux des services concernés. De par sa spécificité “commerciale”, Aïn M'lila demeure la région la plus convoitée en matière de terrain dans la zone industrielle cédée à des milliards par des particuliers. De ce fait, la spéculation du foncier atteint le seuil infranchissable. À l'exemple des 300 lots attribués pour ériger des projets et qui se sont transformés en magasins de pièces détachés et des habitations haut standing. Cette situation a été créée par de faux investisseurs. À Aïn M'lila, sur près de 150 lots, seule une quinzaine est en activité. À AIn Beïda, sur plus d'une centaine de lots d'investissements attribués, plus d'une quarantaine seulement sont en activité. À ce rythme, la nécessité d'une opération d'assainissement d'envergure du secteur de l'investissement s'impose pour mettre fin à la spéculation foncière attirant de plus en plus de pseudo-investisseurs qui ne sont en réalité que des affairistes, cédant les lots pour des sommes faramineuses et devenant, au fil des années, les nouveaux riches de la région. D'ailleurs, l'absence de suivi et de contrôle est tel que depuis des dizaines d'années, il n'y a jamais eu d'actions concrètes contre ces faux investisseurs dont certains ont acquis depuis longtemps des milliers de mètres carrés au dinar symbolique. Enfin, cette situation de spéculation cumulée depuis de nombreuses années a constitué un véritable handicap pour l'investissement qui demeure toujours au ralenti. Les efforts entrepris actuellement quant à la restitution du foncier non exploité, le suivi des éventuels projets et l'abolition des pratiques et lenteurs bureaucratiques, réussiront-ils à donner une dynamique nouvelle à l'économie de la wilaya ? K. Messaad