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Foncier industriel à Constantine
Zones productives ou zones… festives
Publié dans El Watan le 10 - 07 - 2006

« Ce n'est pas normal qu'il y ait autant de salles des fêtes dans une zone industrielle censée être avant tout une zone d'activité et de production. Il en existe une dizaine au niveau de Constantine mais force est de reconnaître que leurs gérants sont en règle. »
Tels sont les propos de M. Soudani, PDG de la Société de gestion immobilière de Constantine (SGI), au sujet de la prolifération de ce type d'activités au niveau de la zone industrielle (ZI) de la ville du Vieux rocher. Des propos qui renseignent, on ne peut mieux, sur la proportion de la dérive dans la gestion du foncier industriel, en particulier au niveau des deux zones industrielles du chef-lieu de wilaya.Interrogé justement sur l'expansion de ce commerce lucratif et sur son implantation dans un lieu inapproprié, notre interlocuteur se contentera de souligner que « la SGI a hérité de cette situation ». Une situation peu commune ayant réussi à donner une image différente de ce qui est supposé être une zone industrielle, devenue grâce à la complaisance de certains responsables une zone plutôt… festive. En effet, selon les informations recueillies auprès du PDG de la SGI, société par actions créée en janvier 2004 en remplacement de l'ex-EGZIC et chargée de la gestion des ZI et des zones d'activités (ZAC), « il y a 50% d'activités de services, à savoir salles des fêtes, restaurants, cafés et lavages auto, dans les zones situées dans la commune de Constantine, alors qu'en principe cela ne devrait pas excéder 15%, conformément à la loi ». C'est ainsi que, petit à petit, opportunisme et « indulgence » de certains responsables aidant, la zone Palma en particulier est devenue au fil des ans l'eldorado des salles des fêtes « haut standing » et aux prix exorbitants. Un véritable « no man's land » pour les « festoyeurs » surtout durant la saison chaude où les klaxons des voitures enrubannées se succèdent jour après jour. Néanmoins, contrairement aux deux précédentes zones, celles du 24 Février 56 et Palma en l'occurrence, où l'activité industrielle est réduite à une peau de chagrin, la ZI de Tarf, située dans la commune de Ben Badis (ex-El Haria) semble, en revanche, mieux lotie d'autant que, selon M. Soudani, elle enregistre 90% d'activités de production grâce à la présence, faut-il le souligner, d'entreprises publiques d'envergure comme la SNTA, des firmes de fabrication de médicaments, ainsi que des sociétés spécialisées dans l'agroalimentaire notamment. En somme, l'intense activité productive au niveau de la ZI de Tarf place la SGI dans une position ubuesque où ses responsables ont affaire d'un côté aux zones de Constantine, quasiment gangrenées par des pseudo investisseurs, et d'un autre côté, à la ZI de Tarf, industriellement saine. Un contraste qui suscite des questionnements tout en restant, toutefois, sans réponse.
Une année de réhabilitation
Une autre zone industrielle, celle de Aïssa Benhmida de Didouche Mourad, pourraît connaître, pour sa part, un certain essor à l'image de la ZI de Tarf si les travaux de réhabilitation, engagés depuis quelques mois, sont menés à terme de telle manière à attiser l'intérêt des investisseurs et, partant, à booster le taux d'activités actuellement situé à 40%. A ce titre, on apprendra que « les pouvoirs publics ont accordé 250 millions de dinars pour la réhabilitation de la ZI Aïssa Benhmida où les travaux relatifs à la réfection de la voirie, à l'installation du réseau d'assainissement et celui de l'AEP ainsi que la construction d'une clôture à deux accès sont en bonne voie », nous précisera le PDG de la SGI. Ceci étant, la réhabilitation de la ZI de Didouche Mourad fait partie d'un vaste projet de prise en charge des zones industrielles et des zones d'activité au niveau national, inscrit dans le cadre du programme quinquennal de soutien à la croissance, lancé en août 2005 par le ministère de l'Industrie. Ce programme, pour lequel l'Etat a débloqué la coquette somme de 2,7 milliards de dinars, a touché 17 ZI et ZAC dont celles de Bouira, Tizi Ouzou, Annaba, Skikda, Oran et Bordj Bou Arréridj et devrait, une fois achevé, permettre aux zones concernées de « disposer d'une infrastructure de base totalement opérationnelle et viable visant à en faire de véritables espaces de création de richesses en réduisant sensiblement les dysfonctionnements qui ont longtemps prévalu ». Créées toutes les quatre par décret ministériel, les zones industrielles de la wilaya de Constantine, dont la plus ancienne est celle du 24 Février 56, puisque sa création remonte aux années 60, nous dit-on, restent exploitées à moitié car une partie des terrains achetés n'abrite aucune activité.
La menace de l'administration
En effet, sur un total de 655 hectares et 542 lots créés, 322 lots uniquement sont exploités pour des activités de production ou de services. Même constat concernant les 11 zones d'activités de la wilaya dont la moitié des lots créés, à savoir 526, sont inexploités. La seule différence avec les ZI, c'est la disponibilité des terrains puisque sur un total de 1052 lots de terrain proposés à la vente, 187 n'ont toujours pas trouvé preneur. Nouvellement créée, celle de la nouvelle ville Ali Mendjli, en fin de travaux d'aménagement, dispose, quant à elle, de 149 terrains nus sur un total de 244 lots créés. En définitive, seulement 55% d'une superficie générale de 655 hectares sont exploités concernant les ZI, alors que 40% de l'ensemble de la superficie des ZI et des ZAC sont inoccupés par une quelconque activité. A ce titre, une commission d'assainissement du foncier industriel de Constantine a été installée dernièrement « afin d'étudier la situation des terrains inoccupés », nous a affirmé le PDG de la SGI. Une opération de recensement global est, d'ailleurs, effectuée actuellement dans les zones d'activité et les zones industrielles en vue, à juste titre, d'inventorier le foncier exploité, le foncier non exploité, le foncier non attribué et le statut juridique de chaque catégorie. En tout, sur 1594 lots créés, 746 lots sont, pour l'heure, non exploités par leurs acquéreurs. Un statu quo qui a incité la commission d'assainissement du foncier à inviter les différents attributaires à se « rapprocher des instances concernées afin de régulariser leur situation dans les meilleurs délais et de démarrer les projets ». En somme, les propriétaires de terrains nus sont donc « mis en demeure » par les autorités locales pour exploiter ces lots, en souffrance depuis leur acquisition, tout en promettant d'octroyer aux investisseurs intéressés des facilités grâce à un dispositif mis en place dans le cadre de l'observatoire de l'investissement, créé le 1er avril 2006 et chargé d'accompagner et de soutenir les investisseurs dans leurs démarches auprès des administrations et des institutions financières. En clair, les autorités locales sont manifestement décidées à mettre un terme aux entraves, notamment bureaucratiques, qui découragent les investisseurs, même les plus sérieux. S'agissant des attributaires non coopératifs, ils sont menacés d'être dépossédés de leurs terrains qui seront dès lors récupérés par les pouvoirs publics. Par ailleurs, la participation de la Société de gestion immobilière de Constantine, dont la gestion des réseaux, des espaces communs des ZI et ZAC, la création et la mise à jour d'une banque de données sur les disponibilités foncières à mettre à la disposition des investisseurs et le traitement des demandes de localisation des investisseurs et le suivi du processus d'affectation des assiettes foncières, représente un atout supplémentaire puisqu'elle assure, en gardienne des lieux, un développement durable des investissements. Des investissements qui passent aussi par la sécurisation des lieux, chose que les responsables de la SGI ont décidé de prendre en charge en proposant, selon les déclarations de son PDG, un plan de sûreté interne déposé auprès des structures concernées, ce qui incitera certainement les éventuels opérateurs à s'y implanter davantage.
L'écueil des mauvais payeurs
Mais au préalable, la SGI, chargée de veiller à l'espace commun, ne peut assurer convenablement sa mission sans l'apport des opérateurs économiques établis au niveau des zones industrielles, tenus de payer, à ce titre, une quote-part à la société de l'ordre de 12 DA /m2/an. Or, « les gens ne payent pas. Nous étions partis de rien, mais nous sommes arrivés pour le moment à 40% de recouvrement et espérons atteindre 70% d'ici la fin de l'année. Nous faisons carrément du porte-à-porte et établissons un échéancier pour les entreprises qui éprouvent des difficultés à payer », a déclaré M. Soudani au sujet des difficultés de recouvrement de l'entreprise d'autant que les propriétaires de terrains nus ne s'acquittent d'aucune contribution. L'entreprise accuse ainsi un sérieux manque à gagner qui se répercute sur son capital d'autant que celle-ci a déjà « grignoté » 15 millions de dinars depuis sa création à l'entretien des zones industrielles alors que « normalement, cela devrait se faire avec l'argent des quotes-parts des opérateurs ». Cela étant, il semblerait que le problème du recouvrement se pose essentiellement au niveau des zones industrielles de Constantine, contrairement à celle de Tarf où « les opérateurs payent leurs quotes-parts à 90% ». Et c'est justement cet écueil qui a précipité la dissolution de l'EGZIC (entreprise de gestion des zones industrielles de Constantine), car celle-ci ne percevait notamment plus aucune contribution depuis…1996 ! Créée en 1985, cet ex-établissement public à caractère économique s'était, trouvé, partant, dans l'incapacité de rémunérer ses employés qui ont accumulé 27 mois de salaires, toujours impayés, et cumulé 28 millions de dinars de dettes vis-à-vis de la CNAS et des impôts. N'ayant pu absorber l'EGZIC de Constantine, à cause de ces dettes importantes « dépassant le capital de la SGI », précisera son PDG, seul le personnel a donc pu être récupéré. Le problème des salaires impayés reste, par contre, entier et, du coup, le ministère de tutelle est dans l'obligation de trouver une solution aux ex-travailleurs de la défunte EGZIC toujours en quête de leurs 27 mois d'arriérés de salaires.


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