Le Parti des travailleurs s'est abstenu lors du vote du programme du gouvernement Belkhadem par l'Assemblée nationale. Louisa Hanoune s'en est expliquée avant-hier. Car, comme le MSP, elle s'adonne à l'art du grand écart. Et si le parti de Soltani a fini par être invité à l'Alliance, il n'y a pas de raison que la formation de Louisa Hanoune n'y soit pas conviée, si elle continue à user du soutien critique. Donc, mis à part Temmar, qui aurait son propre programme, les autres membres du gouvernement ne sont pas tenus de rendre compte. Il faut peut-être rappeler au lecteur que Belkhadem n'a pas présenté de bilan, même si son programme se conjugue plus au passé qu'au futur. Et Ouyahia, son prédécesseur, est parti sans rendre compte devant l'Assemblée, ayant été empêché de le faire, disait-on. Mais qu'à cela ne tienne ! Il faut “que Temmar se conforme à la loi qu'il a de tout temps ignorée et présente son bilan devant l'APN”, insiste tout de même Mme Hanoune. Que Temmar exécute un pan important, et contestable dans sa finalité et dans le mode de mise en œuvre, des programmes des gouvernements auxquels il a participé est certainement vrai. Mais il est tout aussi vrai que la privatisation se fait — par tâtonnements et pas toujours dans la transparence — dans le cadre du programme du gouvernement, programme qui lui-même traduit le programme du Président. L'abstention du PT traduit toute la duplicité de son attitude envers le pouvoir. Un programme de gouvernement peut-il être ni bon ni mauvais ? Le bon programme pour un parti, c'est le sien. Mais un programme concurrent peut lui convenir. Ou pas. Mais s'abstenir parce qu'il y a dans le projet “des points positifs et des points négatifs” et “des contradictions” ne constitue point une position raisonnable. Jusqu'ici, le PT votait systématiquement contre parce qu'il n'y avait pas de contradictions ! Le PT se serait abstenu surtout à cause des investissements publics promis à l'industrie. Ce qui n'est pas le cas, d'ailleurs. Assurément, il s'agit d'une attitude tactique, manière de préserver son avenir dans la coalition sans brader ses voix parlementaires. En sus du bilan de Temmar, Louisa Hanoune appelle au bilan de la réconciliation nationale. Le jour même, Zerhouni en faisait le véritable bilan : “Les forces de sécurité et les unités de l'ANP ont marqué des points importants” à Khemis El-Khechna, Boumerdès, Tizi Ouzou, Béjaïa, Jijel et Saïda ! Avec tout cela, s'il reste un bilan à faire, c'est pour transférer les lauriers de la lutte antiterroriste au profit de la concorde civile. Mais cela est une autre histoire. En fait, Louisa Hanoune sait déjà ce qu'il faut faire pour “parachever le rétablissement de la paix”, un peu comme si elle préfigurerait du bilan en question. Il s'agit de “prise en charge effective de l'ensemble des victimes de la tragédie nationale” et surtout de “la réhabilitation des disparus et de la recherche de la vérité sur leur mort”. Claire remise en cause d'un chapitre réputé pris en charge par la charte qu'elle a tant soutenue. De la vérité sur la mort des victimes du terrorisme, il n'est point question ! Encore un effort, et le PT aura toute sa place dans l'Alliance pour la réconciliation ! M. H. [email protected]