En l'espace de six ans, l'immigration clandestine, par voie maritime, a enregistré une courbe ascendante mettant tous les voyants au rouge. La quasi-totalité des traversées finissent, dans le meilleur des cas, devant la justice. La question de l'existence de réseaux de passeurs se pose avec acuité devant la multiplication de ces expéditions suicidaires. Les opérations de recherches des quatre harragas, portés disparus au large d'Arzew, se poursuivent toujours, mais sans résultats probants pour l'instant. D'importants moyens ont été engagés pour cette opération, en vue de retrouver les infortunés clandestins qui avaient pris, en compagnie de cinq autres jeunes, le départ pour les côtes espagnoles, la nuit de dimanche à lundi, des rivages de Mers-El-Hadjadj. L'embarcation de fortune finira par prendre l'eau, victime du déchaînement de la mer. Joint, hier par téléphone, le lieutenant-colonel Défaïri, chargé de la communication du Commandement des forces navales, précisera que les opérations de recherche sont en cours et ne prendront fin que lorsque les quatre disparus seront localisés. Il ajoutera que huit unités navales, dont des patrouilleurs des gardes-côtes, se relayant toutes les trois heures, participent à ces recherches soutenues par une couverture aérienne, avec la participation d'un avion de reconnaissance. Ces recherches s'étendent sur une zone maritime à cinq miles des côtes d'Arzew. Pour rappel, les neuf harragas s'étaient scindés en plusieurs groupes qui seront secourus par un méthanier, le Hassi-Berkine qui donnera par la suite l'alerte. Au total, ce sont cinq harragas qui s'en sortiront alors que le sort des quatre autres est toujours incertain. Cet épisode ravive des souvenirs douloureux puisqu'il vient rappeler la disparition tragique de quatorze harragas au large des côtes mostaganémoises, la veille de la fête de l'Aïd El-Fitr de l'année dernière. Alors qu'une certaine accalmie a été enregistrée sur le front de la lutte contre l'immigration clandestine après l'intensification des actions menées par le haut commandement militaire contre ce phénomène perçu comme un véritable fléau frappant la jeunesse algérienne. Apanage des seules côtes de l'Ouest, l'immigration clandestine semble avoir contaminé même les rivages de l'Est où les jeunes n'hésitent plus à risquer leur vie pour une hypothétique traversée. Ainsi et concernant les plages de l'Ouest algérien, leur relative proximité avec les côtes espagnoles, à peine 75 miles marins, fait que durant la période s'étalant entre 2001 à 2006, 590 adeptes d'“el-harga” algériens et 70 étrangers ont été interceptés et secourus dans les eaux territoriales nationales dépendant du Commandement ouest, avec près de 90% pour les deux seules dernières années. En l'espace de six ans, l'immigration clandestine, par voie maritime, a enregistré une courbe ascendante mettant tous les voyants au rouge. La quasi-totalité des traversées finissent, dans le meilleur des cas, devant la justice. La question de l'existence de réseaux de passeurs se pose avec acuité devant la multiplication de ces expéditions suicidaires. Existe-t-il des réseaux de passeurs savamment organisés à même de prendre en charge un véritable circuit “commercial” d'“el-hadda” ? Pour ceux qui penchent vers l'affirmative, la réponse peut trouver ses racines dans la fréquence des traversées et le montant exigé pour l'embarquement et qui varie entre 10 à 15 millions de centimes par personne. On avance aussi comme argument la logistique en jeu. Le dernier procès des 65 immigrants clandestins a jeté la lumière sur cet aspect du problème. D'autres, par contre, estiment que si réseau il y a, il ne peut être qu'“artisanal”, et qu'il est le fait de certains opportunistes qui envoient à une mort certaine des centaines de jeunes sur des cercueils ambulants. SAID OUSSAD