La coalition du Premier ministre conservateur japonais Shinzo Abe a essuyé, comme prévu, une très lourde défaite lors des élections sénatoriales d'hier, perdant sa majorité à la Chambre haute, indiquent des sondages réalisés à la sortie des urnes. Selon un sondage de la chaîne de télévision publique NHK, le Parti libéral démocrate (PLD) de M. Abe et son allié, le petit parti bouddhiste Nouveau Komeito, ont obtenu entre 31 et 43 sièges sur les 121 en jeu. Evoquant “une défaite historique”, la chaîne privée TBS créditait la coalition au pouvoir de 34 sièges. Nippon Télévision lui accordait 38 sièges. Le PLD et le Komeito devaient conserver au moins 64 sièges, sur les 76 qu'ils défendaient, pour conserver la majorité au Sénat. Cette cuisante défaite menace la survie politique de Shinzo Abe, arrivé au pouvoir il y a seulement dix mois et qui est, à 52 ans, le plus jeune Premier ministre du Japon depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Avant le scrutin, M. Abe avait fait savoir qu'il ne démissionnerait pas. En effet, l'écrasante majorité dont disposent le PLD et le Nouveau Komeito depuis 2005 à la Chambre des députés, qui élit le Premier ministre, permet en théorie à M. Abe de se maintenir au pouvoir même en ayant perdu le contrôle du Sénat. Mais, selon les politologues, la pression pour qu'il démissionne sera très forte si la défaite annoncée se transforme en débâcle historique. Si ce résultat se confirme, c'est la première fois en neuf ans que le PLD perd la majorité dans une des deux chambres depuis 1998. La popularité de M. Abe s'est effondrée ces derniers mois en raison d'une série de scandales de corruption et, surtout, de la révélation d'un monumental fiasco dans la gestion du système de sécurité sociale. Quelque 50 millions de dossiers de cotisants sont devenus purement et simplement inutilisables. De nombreuses personnes âgées se sont vu refuser toute pension après avoir parfois cotisé pendant des décennies, l'administration ayant perdu toute trace de leurs versements passés. R. I./Agences