Il y avait un monde fou à la salle d'embarquement de l'aéroport Houari-Boumedienne. Une bousculade sans pareille au niveau des guichets d'enregistrement avait fini par mettre à vif les nerfs d'Amel, qui devait en partie son anxiété à sa phobie de l'avion. La jeune femme, qui n'attendait que l'annonce de l'embarquement, cherchait des yeux une connaissance, ou quelqu'un pouvant la rassurer. Elle étouffait, se raclait la gorge, changeait d'endroit, puis jetait de temps à autre un coup d'œil à la piste où des avions de tout bord atterrissaient à tout moment. Pour occuper son esprit, et oublier son anxiété, Amel essayait de deviner les différentes nationalités des voyageurs étrangers, selon leurs traits et la couleur de leur peau. Quoi de plus facile pour elle qui adorait la lecture, de reconnaître les faciès asiatiques, africains, indiens, ou autres orientaux. Amel avait soif d'évasion. Elle ferme les yeux, essaye d'imaginer ces contrées lointaines. Ponctué par les réacteurs d'avions, son esprit s'évade. La voici ailleurs. Le crépuscule tombant, brûlait sous les reflets de l'étoile star. Le ciel rejoignait la terre. Des mouettes survolaient la mer, et au loin une île brillait sous l'effet du soleil couchant. Un véritable décor féerique, qui donnait l'impression de sortir tout droit d'un de ces contes de fées, que la jeune femme lisait dans son enfance… “Les passagers à destination de Constantine sont priés de rejoindre la salle d'embarquement, décollage immédiat…” La voix de l'hôtesse la fera redescendre sur terre… Amel s'empare de sa valise à roulette et suit la foule, qui se dirigeait vers la sortie de la salle d'embarquement où un bus attendait. Quelques minutes plus tard, elle se retrouve à l'intérieur de l'avion. Elle choisit une place à côté d'un des hublots de gauche et s'installe tant bien que mal, la peur au ventre, non sans avoir vérifier qu'elle avait bien bouclé sa ceinture. Une vieille dame toute souriante vint tout bonnement s'asseoir à côté d'elle. - Bonjour ma fille, vous me permettez bien de me mettre à côté de vous…. - Bien sûr madame. je vous en prie… - Alors nous allons nous tenir mutuellement compagnie durant ce court voyage. Court voyage ! Amel que la peur tenaillait plus que jamais, souhaite être déjà arrivée à destination. Le voyage lui paraissait très long, bien qu'il ne va pas dépasser 1 h 10 mn tout au plus. - Vous avez l'air préoccupée... lui lance la dame en scrutant ses traits stressés - Euh, oui… je … j'ai peur…. - Peur ? - Oui. J'ai toujours peur quand je prends l'avion. - Mais pourquoi donc ? - Je ne saurais vous expliquer. Cela me prend comme ça à chaque fois que je dois me déplacer par avion. - C'est compréhensible quelque part, lui dit la vieille dame. Mais il faut se dire aussi que c'est le moyen de voyage le plus sûr de nos jours. - Oui. C'est ce qu'on dit. - C'est la réalité. Les accidents d'avion deviennent de plus en plus rares de nos jours, contrairement aux accidents de la route qui, eux, sont des plus courants. - Oui. Mais cela ne m'empêche pas d'avoir peur de l'avion. J'ai beau essayé de me raisonner. Rien à faire. Mon cœur bat la chamade et la sueur coule le long de mon dos. - Allons. Ne soyez pas comme ça. Regardez, nous allons décoller. Amel prend une longue inspiration et l'avion se met à rouler tout doucement d'abord, avant de prendre son élan et de décoller. La jeune femme ferme les yeux. Elle sentait ta terre s'éloignait à toute vitesse. Sa gorge se noua. Elle manqua d'air un moment et sentit ses mains moites. Agrippée à son siège, elle ne se résigna à reprendre sa respiration qu'une fois que la dame à côté d'elle lui prend la main. - Voyons, nous allons arriver à destination dans moins d'une heure, détendez-vous. - Je... Je ne peux pas… J'ai une boule sur l'estomac. - Tenez. Voici un bonbon… Cela vous aidera à oublier votre angoisse. Amel prend le bonbon plus par politesse que par envie et le met tout de suite dans sa bouche. Un bon goût de menthe sucrée imprègne sa langue et pénètre ses sens aussitôt. Elle se sentit moins nerveuse et relaxée. - Cela va mieux ? Amel se retourne vers la dame : - Oui. Merci beaucoup, vous êtes très aimable. - Ce n'est rien. Je voulais juste vous débarrasser de votre anxiété et vous démontrer que le voyage en avion n'est pas aussi désagréable que ça. Regardez. Elle tendit son index en direction du hublot : - Admirez la nature. Sa beauté en altitude est des plus fascinantes. N'est-ce pas un cadeau de Dieu toute cette verdure et ce bleu en dessous de nous ? Y. H. (À suivre)