RESUME : Une discussion s'engage entre Amel et sa compagne de voyage. Cette dernière lui apprendra que son fils est pilote. La vieille dame eut l'air désolé - Ah, vous n'avez donc pas de famille à Constantine ? - Non, j'ai quelques amies, plus précisément des collègues. - Vous devez sûrement vous ennuyer à temps perdu. - Pas du tout ; Constantine est une très belle ville, j'adore déambuler dans ses rues et me promener sur le grand pont. Vous ne pouvez imaginer mon état d'âme lorsque je suis sur ce pont, moi qui souffre de vertiges. - Oui, je vous comprends. Constantine est une très belle ville. Tout en palabrant, les deux femmes arrivèrent au milieu du hall d'entrée. Amel dépose sa valise et le sac de la dame, qui s'était mise à regarder à droite et à gauche, avant de s'exclamer : - Ramzi… Oh, Ramzi, mon fils… Amel se retourne instinctivement et sentit sa respiration se bloquer dans sa gorge. Un vertige. Encore une séquelle de sa phobie ? Elle n'eut pas le temps de se poser trop de questions quant à son malaise, car tout de suite après elle est hypnotisée par une onde de chaleur qu'elle n'avait jamais ressentie jusque-là. Arborant une tenue de comandant de bord, qui lui allait à ravir, un jeune homme beau comme un prince de contes, s'approche de sa mère qu'il embrasse sur les deux joues, avant de la serrer longuement dans ses bras. - Maman… tu m'as tellement manqué. - Et moi donc, dit la vieille femme en essuyant les yeux. Des larmes de joie coulait sur ses joues. J'ai trouvé le temps tellement long après ton dernier passage à la maison. Plus d'un mois ! Imagine un peu ma détresse. - Désolé maman, mais mon boulot me permet à peine de souffler entre deux vols.De nouveau le jeune homme serre sa mère dans ses bras. Emue par cette image touchante, d'une mère qui retrouve son enfant après une longue absence, Amel, qui avait vite repris ses idées après le choc et la surprise de cette rencontre impromptue, se sentit tout à coup de trop. Elle empoigne sa valise et s'apprêtait à quitter les lieux, lorsque la voix de la dame l'interpelle : - Oh attendez… Attendez donc que je vous présente mon fils. Amel revint poliment sur ses pas et la dame continue : - Ramzi, mon fils… et… euh… euh… Oh que c'est bête, je ne vous ai même pas demandé votre prénom. - Amel, dit la jeune femme, en serrant la main tendue du jeune pilote qui lui adressait un sourire des plus enjôleurs. - Amel m'a aidé à transporter mes bagages et m'a tenu compagnie durant tout le voyage, continue la dame… - Merci d'avoir pris soin de ma mère, dit Ramzi. Confuse, Amel se reprend : - Mais c'est plutôt elle que je dois remercier, je ne sais vraiment pas comment ce voyage se serait déroulé si elle n'avait pas été là. - Et pourquoi donc ? Amel rougit avant de répondre : - C'est que… euh… Oh, je vais vous paraître ridicule, mais j'ai une peur bleue de l'avion. - Eh bien moi aussi, répond le jeune pilote, le sourire toujours aux lèvres. Se moquait-il d'elle ? Et pourtant Ramzi avait cet air qui ne trompe pas de quelqu'un de bien distingué et surtout de bien éduqué. C'est un homme qui a dû beaucoup voyager et des femmes il doit en connaître à la pelle. Comme s'il avait lu dans ses pensées, il reprend : - Disons que cela va mieux depuis que je prends moi-même les commandes. Autrement dit, quand j'étais adolescent, j'avais vécu cette horrible sensation. Il remet sa casquette et s'empare des bagages de sa mère, tandis que cette dernière prenait le bras d'Amel : - Viens ma file, nous allons vous déposer. - Non… je vais prendre un taxi - Il n'en est pas question, mon fils est véhiculé et puis il y'a peut-être mon gendre aussi qui nous attend dehors. - Non, Mustapha n'a pas pu venir. Il m'a déjà appelé pour me prévenir que mon véhicule m'attendait au parking. J'espère que vous n'avez pas la phobie des véhicules aussi, dit-il en adressant à Amel toujours ce sourire à damner un saint. Non, je plaisante… C'était juste pour vous détendre, continue-t-il. Allons-y, c'est la Mercedes bleu métallisé au milieu de la file. Y. H. (À suivre)