Après le discours intransigeant tenu ces derniers jours à Rabat, rejetant toute autre proposition que l'autonomie lors de ce second tour des négociations entre le Maroc et le Front Polisario, le pessimisme est de mise au sein de la délégation sahraouie, qui redoute l'impasse ou l'échec. Ayant déjà rejeté par la voix du président Mohamed Abdelaziz, le “diktat” du souverain marocain, lequel avait refusé dans son dernier discours du trône d'accepter autre chose que l'autonomie, les négociateurs sahraouis ne croient pas à la bonne volonté du Maroc. C'est ce qu'a déclaré le représentant sahraoui aux Etats-Unis, Mouloud Saïd, à la veille de l'ouverture de ce nouveau round de négociations entre les deux parties. Affirmant craindre que les tergiversations, l'intransigeance et les manœuvres dilatoires des Marocains, le responsable sahraoui a indiqué “ne pas croire à la bonne volonté du Maroc”. Argumentant ses déclarations, il dira que “les différentes déclarations faites par le gouvernement marocain ne nous laissent pas optimistes quant à l'issue de ces pourparlers”. Selon lui, “toute solution qui ne respecte pas le droit du peuple du Sahara occidental à exercer son droit à l'autodétermination ne sera pas acceptée par le peuple sahraoui”, parce que “le diktat et la fuite en avant de Rabat ne sauraient constituer des solutions à la paix et à la stabilité dans la région du Maghreb”. Toutefois, il nuancera son pessimisme en formulant l'espoir que “le Maroc puisse profiter de cette opportunité pour pouvoir avancer dans le sens d'une solution qui respecte, non seulement la légalité internationale, mais aussi le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination”. Pour le diplomate sahraoui, le Front Polisario est décidé à aller aux négociations de vendredi et samedi prochains avec “les meilleures volontés”, bien que certains analystes à Washington, pronostiquent d'ores et déjà une éventuelle rupture des négociations, du fait même de l'unilatéralisme et de l'intransigeance des Marocains à vouloir imposer le plan d'autonomie du Sahara occidental comme seule alternative au règlement du conflit. Mouloud Saïd expliquera que “s'il y a rupture du dialogue, cela reviendrait à la position du royaume du Maroc qui cherche seulement à consacrer son occupation du Sahara occidental, faisant fi des résolutions onusiennes appelant à l'organisation d'un processus d'autodétermination qui inclut aussi l'option d'indépendance”. Il conclura en affirmant que “la seule solution acceptable est celle qui représente et respecte le libre choix du peuple du Sahara occidental tel que garanti par la dernière résolution 1754 du Conseil de sécurité, du 30 avril 2007”. Quant à l'alignement des Etats-Unis sur la position marocaine, le responsable sahraoui soulignera que certaines forces à l'intérieur de l'administration essaient de privilégier la position marocaine et de pousser le gouvernement Bush vers une position qui soit en rupture totale avec la légalité internationale et renie la position constructive adoptée par le passé par Washington et soutenant l'autodétermination. D'après lui, la position américaine “ne peut pas faire avancer la recherche d'une solution politique et diplomatique, parce que toute solution qui ne respecte pas la volonté du peuple sahraoui sera vouée à l'échec. Elle ne sera pas une solution pour le peuple sahraoui et le peuple sahraoui ne sera pas partie prenante dans cette solution”. K. ABDELKAMEL