Le prochain round des négociations maroco-sahraouies aura lieu en décembre dans un pays européen, a indiqué l'ambassadeur de la RASD en Algérie, M. Mohamed Yeslem Beisset, hier à Boumerdès, devant des centaines d'étudiants de l'Unea en regroupement à l'ex-Inil, dans le cadre de leur université d'été. M. Yeslem a qualifié les négociations qui ont pris fin avant-hier à Manhasset, près de New York, “d'un autre pas dans un processus qui sera long et difficile”, avant de reconnaître que l'intransigeance marocaine constitue toujours un frein et un obstacle majeurs pour l'application de la résolution 1754 et l'aboutissement d'une solution juste et équitable. “Les Etats-Unis, la France et d'autres pays doivent faire pression sur le Maroc pour qu'il respecte cette résolution et éviter l'échec des négociations en cours”, a affirmé le diplomate sahraoui, rappelant encore une fois que le processus sera difficile et compliqué car, selon lui, le Maroc n'affiche pas une volonté sincère et réelle pour le règlement du conflit, comme le montrent les mesures répressives enregistrées ces derniers temps dans les territoires sahraouis. “Vous devez savoir qu'entre les deux rounds de négociations qui ont eu lieu à Manhasset, le nombre de détenus politiques sahraouis a augmenté de moitié puisqu'ils étaient une trentaine pour passer à 67 aujourd'hui”, a martelé l'ambassadeur, précisant que le Maroc offre une image et une politique différentes que celle qu'il offre à Manhasset, non sans rappeler que le territoire de la RASD demeure le seul au monde à être fermé aux journalistes et aux organisations internationales, a-t-il précisé. “Actuellement, il y a cinq policiers marocains pour un citoyen sahraoui, et si l'on ajoute trois autres citoyens marocains qui travaillent pour les services, on arrive à huit pour un, c'est cela la réalité dans les territoires occupés”, a-t-il précisé ajoutant que “les négociations sont avant tout des pratiques quotidiennes, et non pas un discours galvaudé à tout moment”, a-t-il ajouté. L'ambassadeur sahraoui demeure toutefois optimiste même s'il reconnaît que la délégation marocaine reste “cloîtrée et bâillonnée par le dernier discours du roi, ce qui a rendu les négociations encore pus difficiles d'autant que les Marocains veulent imposer leurs points de vue au lieu de négocier”. M. Yeslem a encore une fois réaffirmé la position de son pays qui reste attaché à l'autodétermination du peuple sahraoui. “Nous devons laisser le peuple s'exprimer librement sur son avenir, c'est une philosophie et l'un des fondements essentiels de l'existence même des instances internationales”, a soutenu M. Yeslem, ajoutant qu'il doit exister des Sahraouis qui veulent être réintégrés au Maroc comme il en existe d'autres qui opteront pour un autre choix, et il faut respecter leur choix sans plus, a-t-il affirmé. “L'époque où les citoyens sont considérés comme des sujets est révolue”, a indiqué l'ambassadeur qui a précisé que “la proposition dite ‘la paix des braves', une expression à connotation colonialiste connue en Algérie, et que propose le Maroc, se trouve dénuée tant que le Maroc ne reconnaît pas qu'il est lui-même colonialiste”, a-t-il martelé. Il a également affirmé que les changements intervenus en France sont quelque chose de positif pour un règlement du conflit, tout en admettant que l'idée sur le choix d'une ville européenne pour la poursuite des négociations n'a aucune relation avec l'élection d'un autre président en France. À une question sur un éventuel échec des pourparlers, l'ambassadeur a affirmé que tout échec sera imputé au Maroc. “Le Maroc a saboté tous les plans proposés jusqu'ici par les instances internationales comme il a avorté toutes les rencontres organisées autour de cette question, et nous avons peur qu'il fasse la même chose pour la 1754”, a-t-il soutenu. Et d'ajouter que la RASD reste respectueuse de la légalité internationale et fera tout pour le règlement du conflit dans le cadre de cette résolution, mais elle n'écarte pas d'autres voies, y compris la lutte armée, un droit reconnu pour faire respecter son droit et permettre au peuple sahraoui de recouvrer son indépendance. Madjid T.