Liberté : Quel est le point de la question du Sahara occidental à la veille du 3e round des négociations maroco-sahraouies ? M. Yeslem Beïsset : Le Maroc persiste dans sa position intransigeante. Il a reporté, à deux reprises, la date du 3e round des négociations. Celle-ci est fixée enfin pour les 7, 8 et 9 janvier 2008 à Manhasset, aux Etats-Unis. Nous pensons que l'un des facteurs qui encourage cette intransigeance est l'alignement inconditionnel de la France et des Etats-Unis aux thèses marocaines. Pour ce qui est des Sahraouis, ils restent toujours attachés à leurs droits nationaux ; la résistance pacifique dans nos territoires sous occupation marocaine se poursuit depuis 2005. La récente visite d'Etat du président français en Algérie a-t-elle apporté quelque chose de nouveau ? Nous retiendrons que dans son discours prononcé à Alger, lors d'un toast, M. Sarkozy a fait référence à la résolution 1754 du Conseil de sécurité des Nations unies et a soutenu une solution acceptée par toutes les parties, en insistant sur “toutes les parties”. Nous souhaitons que Paris aura pris conscience que ce n'est pas le Maroc qui détermine la politique maghrébine de la France, mais que cette politique reflète les intérêts des Français. Ces intérêts-là lui dictent une position équilibrée dans notre région, dans laquelle le processus de décolonisation n'est pas encore parachevé. Qu'en est-il alors de la position américaine ? Si l'on juge les déclarations de principe, la politique étrangère américaine au Maghreb, Washington souhaite la stabilité de la région. Mais, dans les faits, cette puissance soutient le Maroc depuis trente ans, sans que cela ait produit un effet positif sur la région. Au contraire, cette démarche conforte l'intransigeance de Rabat. Le 12 décembre s'ouvrent les travaux du 12e congrès du Front Polisario à Tifariti. Où se situent les enjeux de cette rencontre ? Le 12e congrès du Front Polisario est un congrès ordinaire qui se tient dans des circonstances extraordinaires. C'est en fait le premier congrès qu'organise le Front Polisario en période de négociation avec la partie marocaine. C'est également le premier congrès qui se tient après le déclenchement de la révolte civile dans les territoires sahraouis occupés. Si les Sahraouis ont adhéré et souscrit au processus de négociations, dans le cadre de l'ONU, ils n'écartent pas les autres options de nature à protéger les droits légitimes du peuple sahraoui, à la liberté et l'indépendance. Ne craignez-vous pas une attaque militaire des forces marocaines à Tifariti, dans les territoires sahraouis libérés ? Je vous rappelle que nous sommes agressés par le Maroc depuis le 31 octobre 1975. Et, les Marocains savent parfaitement, avant quiconque, que nous savons nous défendre.