Initiée par sa filiale turque, cette académie se veut partie prenante dans la vie des entreprises qu'elle accompagne et conseille. Les nouvelles règles de gestion exigent l'instauration de relations privilégiées entre le client et son banquier. Ce dernier n'est plus perçu comme cet “Harpagon” qui ne prête qu'aux riches quand cela lui est bénéfique. Le banquier moderne est avant tout cet entrepreneur qui cherche toujours à fructifier son argent certes, mais contrairement à la mentalité d'avant, il répond présent aussi lorsqu'il s'agit d'accompagner et conseiller ses clients. C'est dans cette optique que la filiale turque de la banque européenne BNP Paribas a créé l'Académie des petites et moyennes entreprises (PME). Cette structure qui se veut avant tout un espace d'échange d'expériences entre les entrepreneurs permet à ces derniers de mieux assimiler les techniques de gestion et la législation en vigueur dans leur pays. La réussite de cette expérience en Turquie a poussé les responsables de la maison mère à exporter ce produit en Algérie qui présente des similitudes avec l'économie de la Turquie. C'est dans ce sens qu'a été organisée, hier, la première Académie des PME de BNP Paribas à l'hôtel Hilton à Alger. Ce séminaire a vu la participation de Mustapha Bendada, ministre de la PME et de l'Artisanat, de Michel Pébereau, président du conseil d'administration de BNP Paribas, de Réda Hamiani, président du forum des chefs d'entreprise, et de nombreux entrepreneurs. Dans son allocution d'ouverture, Michel Pébereau a mis l'accent sur les opportunités d'investissement offertes par l'Algérie. Il met l'accent aussi sur l'importance de la petite et moyenne entreprise qu'il considère à juste titre, d'ailleurs, comme étant un “énorme bassin d'emplois”. Quant à l'académie, il la présente comme un moyen pouvant aider les entrepreneurs à mieux maîtriser les outils modernes de gestion. Pour sa part, le ministre de la PME et de l'Artisanat met en exergue les efforts consentis par son gouvernement pour encourager les investissements générateurs d'emplois. Répondant aux questions des journalistes, Mustapha Bendada qualifie cette académie d'espace de formation qui permettra “un échange d'expériences entre le monde des finances et les banquiers”. Le premier responsable de BNP Paribas en Turquie, Turguz Boz, rappelle que l'académie a permis la mise au point d'un logiciel comptable remis gratuitement aux clients, la création d'une télévision sur Internet dédiée au monde des affaires et d'un centre d'appel qui conseille les clients sur les textes de loi en vigueur et sur les dossiers à fournir pour finaliser certains projets. Il insistera, par ailleurs, sur l'importance de la nouvelle approche qui fait du banquier un collaborateur du client. Sur un plan purement économique, Guy Longueville (chargé des études économiques et responsable risques des pays) prédit un avenir meilleur pour l'Algérie eu égard aux potentialités qu'elle contient. Pour cela, il préconise l'accélération du processus de privatisation. Il se réfère à l'excellente santé financière actuelle du pays pour dire : “Le développement du secteur privé est nécessaire, et ce, pour, entre autres, absorber le flux de populations en âge de travailler d'ici quelques années.” Il estime que l'Algérie est aujourd'hui à l'abri des conséquences d'un autre choc pétrolier (baisse du prix du baril). “L'Algérie dispose de quelque 50 milliards de dollars”, ajoute-t-il. Lors de la conférence de presse tenue à l'issue des travaux de la matinée, le président du conseil d'administration de BNP Paribas annonce que son groupe exploite déjà 33 agences en Algérie. “Nous employons 450 personnes, sans compter les 100 autres recrutées par Cetelem, une autre société de notre groupe. Notre capital revu à la hausse est de 3,5 milliards de dinars aujourd'hui”, affirme Pébereau. Il annonce, par ailleurs, l'installation prochaine d'une société d'assurance de son groupe “Cardiff”. Il prévoit aussi l'ouverture de 14 agences bancaires à l'intérieur du pays. Il ne cache pas son intérêt pour le rachat de la banque publique candidate à la privatisation, le CPA. Il affirme qu'il suit de près les opérations de cette cession et rappelle que son groupe a été présélectionné. Saïd Ibrahim