“Madani Mezrag et l'AIS, c'est fini ici à Jijel ; ils font partie désormais du passé et de l'histoire”, expliquera un jeune de 23 ans. La première étape du périple du président de la République dans l'est du pays a été la wilaya de Jijel. Fief de l'ancienne AIS et wilaya où a démarré la concorde civile, qui a donné suite à la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, Jijel est également une région durement éprouvée par le terrorisme. Pour la septième fois depuis son élection en 1999, à la magistrature suprême, le chef de l'Etat se rend dans cette wilaya où les citoyens lui ont réservé un accueil populaire. “Ouhda talita (pour un troisième mandat)”, scandaient les citoyens venus accueillir massivement le président Bouteflika. Que ce soit au niveau du centre-ville de Jijel, dans la commune de Taher, à la maison de la culture Omar-Oussedik, à la résidence de la wilaya tout autant qu'à l'occasion de ses multiples haltes, le président de la République a eu droit à une multitude de bains de foule. “C'est notre Président, nous sommes toujours heureux de le voir”, nous dira un citoyen au centre-ville de Jijel. Un autre nous expliquera que la venue du président de la République “permettra à notre wilaya de sortir de son isolement et de voir ses projets en rade concrétisés”. Même état d'esprit et mêmes préoccupations dans la commune montagneuse de Taher où beaucoup d'espoir est placé dans la visite du Président. “Nous espérons voir notre commune bénéficier de projets avec la venue de Bouteflika chez nous”, expliqueront des citoyens de cette localité. Ces derniers considèrent que leur wilaya, connue pour avoir été le fief de Madani Mezrag, l'ex- chef de l'AIS, devrait regarder à présent l'avenir en se développant et rompre avec son passé terroriste. “Madani Mezrag et l'AIS, c'est fini ici à Jijel, ils font partie désormais du passé et de l'histoire”, expliquera un jeune de 23 ans, notant qu'“aux dernières nouvelles, on a entendu dire que Mezrag s'est associé avec le producteur de l'eau minérale Texanna et qu'il a déménagé à Alger”. Un autre qui confirmera que l'ex-chef de l'AIS “ne se trouve plus à Jijel”, pense que ce dernier “a soit construit ou loué à Alger”. “Mais de toute façon, cela fait un bon moment qu'on ne l'a pas vu ici à Jijel”, dit-il. “Il est indésirable ici chez nous”, dira un enseignant visiblement intéressé par le sujet de discussion. “Ni la population ne veut de lui ni ses anciens compagnons terroristes ne l'acceptent ici, même les gens qui étaient auparavant les yeux et les oreilles de Mezrag sont aujourd'hui identifiés et rejetés catégoriquement par la population”. Les raisons ? “Pour la population, il est indésirable, lui et sa clique parce qu'ils ont fait beaucoup de mal à la population, non seulement les gens sont morts, mais en plus, ils ont semé la terreur qui a paralysé tout le monde et toute activité”, relève un quinquagénaire. Plus convaincant, il indiquera qu'“avant, tout était fermé à 16h à Jijel. La vie s'arrêtait chez nous à cette heure-ci, c'était cruel pour tout le monde”. Plus loin, un autre citoyen avoisinant la quarantaine dira, pour expliquer la rupture définitive de Jijel avec Madani Mezrag et l'AIS, que “la population a actuellement dépassé sa peur”. Comment ? “Les gens n'hésitent pas à dénoncer aux services de sécurité à travers le téléphone les terroristes ou les repentis lorsqu'ils remarquent quelque chose de louche. De même que quand il y a une initiative de ces derniers dans les mosquées, personne ne les suit”. Qu'en est-il des anciens “compagnons” de Mezrag ? “Les amis de Mezrag ne le tolèrent plus, ils l'insultent même”. Pourquoi ? “Parce qu'il les a trahis”, note un jeune de 26 ans expliquant qu'“au tout début, lorsqu'ils sont montés au maquis, il était question pour eux de combattre le régime, mais finalement ils se sont attaqués à la population, de plus ils n'ont pas perçu de pension, tout comme on dit de lui qu'il a partagé le pactole qu'il a amassé pendant le terrorisme avec seulement 2 ou 3 personnes”. N. M.