Pour tout ce qui se rapporte aux problèmes de fond, dont l'examen conduira à restituer la Kabylie dans son droit de cité plein et entier, il faudra attendre d'autres échéances. C'est vrai qu'il y a énormément de progrès dans ce domaine et que, appliquée à certains ordres de préoccupation, la démocratie n'est plus une simple vue de l'esprit. Pourtant, on est encore loin du compte et l'actualité nous offre chaque jour plus d'une occasion de constater que de nombreux grands dossiers nationaux sont comme soigneusement gardés sous emballage. Le progrès enregistré dans le traitement de l'information liée à la revendication identitaire en Kabylie par les grands médias publics est indéniable. L'euphémisme et la litote sont, certes, de rigueur, mais la langue de bois n'évacue plus aussi systématiquement ces sujets des journaux radiodiffusés et télévisés. Ainsi, Printemps noir et Printemps amazigh ont donné lieu à des développements grâce auxquels on a appris que l'un et l'autre ont été commémorés en Kabylie ; que les meetings et manifestations qui ont marqué ces anniversaires dans plusieurs agglomérations de la région ont fait une large place à l'appel lancé au pouvoir de satisfaire les exigences contenues dans la plate-forme d'El-Kseur. C'est dire qu'un tabou a été bel et bien levé ; que le silence invariablement opposé à tout ce qui avait trait à la Kabylie est désormais du passé ; que les tristes pratiques — à la limite du burlesque — en vertu desquelles, (s'en souvient-on aujourd'hui ?) dans le sigle de la JSK, la dernière lettre renvoyait aux étoiles, n'ont plus cours. Mais au bout du compte, qu'a-t-il été fait concernant l'essentiel de cette question ? Pas grand-chose, convenons-en, si l'on considère le discours et les actes officiels de la semaine écoulée. Attendues lors des sorties du président Bouteflika à l'occasion d'un Youm El-Ilm sans substance, les réponses aux principales doléances politiques du mouvement citoyen ne sont pas venues. D'aucuns pensaient, non sans candeur, que le premier magistrat du pays allait saisir l'opportunité du 4e anniversaire de son élection pour s'ouvrir à un véritable dialogue. On en sera resté aux formules creuses et aux dispositions timorées énoncées par la porte-parole du gouvernement au sujet du règlement du contentieux relatif à l'enseignement de tamazight. Pour tout ce qui se rapporte aux problèmes de fond, dont l'examen conduira à restituer la Kabylie dans son droit de cité plein et entier, il faudra attendre d'autres échéances. M. A.