Soumise à de fortes pressions, voire à des menaces américaines, la Syrie a multiplié, ces derniers jours, les signes de modération sur le dossier irakien et sur celui du Proche-Orient dans le sens voulu par les Etats-Unis. Le chef de la diplomatie syrienne, Farouk Al-Chareh, a annoncé, lundi dernier, que son pays avait bouclé sa frontière avec l'Irak et que les Irakiens avaient désormais besoin d'un visa pour entrer en Syrie. Cette mesure répond, selon les analystes, aux desiderata américains qui veulent que la Syrie ne donne pas refuge aux dignitaires du régime irakien déchu, recherchés par Washington. Selon des milieux versés dans le dossier, le bouclage de la frontière a facilité la capture, par les Etats-Unis, de hauts responsables irakiens. Au moins sept responsables irakiens ont déjà été arrêtés par la coalition américano-britannique en Irak, ainsi que le Palestinien Abou Abbas, le chef du Front de libération palestinienne (FLP), une organisation radicale palestinienne financée par l'ancien régime de Saddam Hussein. Ces développements ont permis un changement de ton de la part des Etats-Unis qui avaient menacé Damas de sanctions économiques. Le président américain George W. Bush déclarait, dimanche, qu'il voyait des signes de coopération syrienne et, lundi, les Etats-Unis continuaient de voir des “progrès” de la part de Damas. Le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, a cité les efforts de la Syrie pour fermer sa frontière avec l'Irak et estimé que Damas “prenait sérieusement en compte” les mises en garde américaines. Mais, selon Washington, Damas doit faire “plus pour identifier les personnes recherchées, voir où elles sont et s'assurer que la frontière est bien fermée pour les gens qui voudraient se cacher en Syrie”. Un autre développement, qui n'apparaît pour l'instant qu'en filigrane, concerne un assouplissement syrien sur le conflit israélo-palestinien et la “feuille de route” du quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne, Onu) prévoyant la création d'un Etat palestinien d'ici à 2005. Recevant la ministre espagnole des Affaires étrangères, Ana Palacio, une farouche partisane de l'intervention militaire américaine en Irak, le président syrien Bachar Al-Assad a affirmé que “la Syrie acceptera ce que les Palestiniens auront accepté” et mis l'emphase sur les intérêts syriens et la récupération du plateau du Golan, occupé par Israël depuis 1967. Selon une source diplomatique européenne qui a requis l'anonymat, “il s'agit d'un développement de taille dans la gestion par la Syrie du conflit israélo-palestinien”.