Plus de 400 000 logements sont fermés à Alger et quelque 25 000 nécessitent des travaux de réhabilitation. Beaucoup a été dit sur l'accessibilité au logement et les moyens de son financement, hier, au 4e Salon du logement organisé par Vision Us et le bureau d'études Gests. B. à l'hôtel El-Aurassi à Alger. Pourtant, en fin de journée, il n'était toujours pas possible de savoir quel chemin suivra le citoyen pour acquérir un bien immobilier, sans s'embourber dans les méandres administratifs, sans s'endetter au-delà de ses capacités financières ou tout simplement sans perdre espoir d'avoir un jour une réponse favorable à sa demande de logement. “La problématique relative à la prise en charge du besoin au logement a fait l'objet, à ce jour, de plusieurs démarches qui, souvent, ont échoué ou sont demeurées sans suite… Ce qui traduit la complexité d'une équation comprenant plusieurs inconnues à des degrés différents…”, a résumé, en quelques mots, Hassiba Belkhodja, directrice de Gests. B. (bureau d'études sur l'habitat). Il est vrai que l'Etat s'investit grandement dans la résorption de la crise du logement en multipliant ses aides aux promoteurs immobiliers et surtout aux particuliers. Trois formules, exposées une nouvelle fois à cette occasion par le chef du cabinet du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme, sont adressées aux demandeurs qui perçoivent des salaires faibles et au revenu moyen. Le logement social locatif est destiné aux salariés qui touchent moins de 12 000 dinars par mois, le logement socio-participatif concerne les ménages qui cumulent moins de 60 000 dinars/mois (les salaires de deux conjoints ne doivent pas excéder 5 fois le SNMG) et la location-vente touche théoriquement les cadres moyens. L'Etat s'est engagé à construire 1 million d'unités en cinq ans, avec une fréquence de 200 000 logements réceptionnés annuellement. Evidemment, les capacités de réalisation ne dépassent pas, pour l'heure, la limite de 120 000 unités par an. Au-delà, les autorités publiques reconnaissent que les mécanismes mis en œuvre pour régler la crise du logement ne fonctionnent pas réellement à cause d'une mauvaise perception des besoins, et notamment du profil des demandeurs de logement. C'est d'ailleurs sur ce point précis que le P-DG de la Cnep a voulu attirer l'attention. “La crise du logement ne trouve pas son origine dans le financement. Il faut repenser les formules d'aide”, en ce sens qu'ils ne sont éligibles à aucune des formules impliquant l'aide de l'Etat et ne peuvent pas prétendre à un crédit bancaire et ne peuvent pas non plus acheter un appartement en payant son prix rubis sur l'ongle. Athmani Rachid, directeur général adjoint au crédit au niveau de la Cnep, a indiqué que seulement 10% des acquéreurs de biens immobiliers contractent un crédit bancaire, selon une étude réalisée par le Ceneap. Ce qui constitue une demande très faible comparativement aux produits offerts par les institutions financières. Il a rapporté que sa banque a accordé, en 2006, environ 20 000 crédits aux particuliers. 57% de ce chiffre représentent des transactions immobilières de particulier à particulier. “Le marché secondaire a pris de l'ampleur grâce aux mesures fiscales prises dernièrement. Et puis, il existe un manque flagrant de promoteurs qualifiés.” 15 000 promoteurs immobiliers privés opèrent dans un domaine qui ne produit que 10 000 logements par an. Ce qui fait dire ironiquement à un intervenant qu'il faut un promoteur et demi pour construire une unité en 12 mois. À ce titre, les participants au salon ont évoqué la mauvaise conduite de certains promoteurs immobiliers, qui ne respectent pas la réglementation et ne sont pas solvables au plan financier pour de telles entreprises. Le directeur général du Fonds de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière, Mouloud Dahal, a informé que son organisme a garanti 132 725 logements, ce qui constitue environ 1 846 projets. L'inscription au fonds permet aux clients qui achètent sur plan de mieux se prémunir contre les mauvais coups de promoteurs peu respectueux des lois (les cas portés en justice sont nombreux). Sinon, le chef de cabinet du ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme a affirmé que le secteur est audité afin de répertorier les failles des formules appliquées par l'Etat pour faciliter l'accessibilité au logement. “Nous avons ouvert une réflexion sur la législation en vigueur. Nous préparons une loi sur le parachèvement des logements”, a-t-il précisé. Le département de Noureddine Moussa étudie, en outre, la possibilité d'élargir l'éligibilité au logement social aux salaires de plus de 12 000 DA. Le directeur général de la Caisse nationale du logement, M. Djemâa, a rappelé que l'aide de l'Etat aux acquéreurs de logement neuf a été plafonnée à 500 000 dinars pour les salaires inférieurs à 30 000 dinars et à 400 000 pour ceux se situant entre 48 000 et 60 000 dinars. De 2000 à 2006, la CNL a apporté son aide à l'achat de plus de 812 000 appartements genre locatif social ou location-vente. De son côté, la Cnep semble vouloir s'ouvrir davantage à de plus larges catégories de demandeurs de logement en assouplissant ses critères d'octroi de crédit. M. Athmani a souligné que la banque finance, désormais, jusqu'à 90% du prix du bien en pratiquant un taux d'intérêt de 7,25% pour les non-épargnants et de 6,25 et 5,25 pour les épargnants. “Il n'est pas exclu de pousser plus loin l'effort en introduisant un système de garantie contre l'insolvabilité et en traitant les dossiers au cas par cas”, a-t-il ajouté. Toutes les mesures susmentionnées ne sont, à vrai dire encore, qu'au stade d'étude. Souhila Hammadi