Les cours du pétrole continuaient à baisser hier, au lendemain d'une forte correction déclenchée par l'espoir que l'Opep augmente son offre, même si le ministre saoudien du Pétrole a maintenu le suspense en jugeant l'approvisionnement mondial “suffisant”. Vers 10h GMT (11h à Paris), sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de Light Sweet Crude pour livraison en janvier cédait 13 cents, à 94,29 dollars. Les cours sont tombés à 93,72 dollars dans la matinée, loin du seuil de 100 dollars effleurés lundi passé. À la même heure, sur l'Intercontinental Exchange de Londres, un baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier prenait 32 cents par rapport à la veille, à 92,83 dollars. Le repli des cours prolonge le fort mouvement de correction de mardi : les prix avaient lâché 3,28 dollars à New York et 2,80 dollars à Londres. “Le déclin des prix du brut a été attribué à une combinaison de facteurs incluant les spéculations sur une possible hausse de l'offre décidée lors de la prochaine réunion de l'Opep, des données sur la confiance des consommateurs américains moins bonnes qu'on ne pensait, des ventes d'essence faibles durant le week-end de Thanksgiving, et le raffermissement du dollar”, ont expliqué les analystes de Barclays Capital. À une semaine de la réunion ministérielle du cartel, le 5 décembre à Abou Dhabi, les investisseurs semblent, en effet, tabler sur le fait que l'Opep décidera d'augmenter sa production pour mettre un terme à la flambée des prix. Les courtiers faisaient même circuler le chiffre précis d'une hausse de 750 000 barils. La crainte d'un ralentissement économique aux Etats-Unis a aussi contribué au déclin des prix. Les investisseurs, voyant se multiplier les signes d'essoufflement de l'économie américaine, première consommatrice mondiale de brut, craignent que la demande énergétique n'en soit affectée. Reflétant une situation économique dégradée, la confiance des consommateurs américains, qui avait déjà atteint son plus bas niveau en deux ans en octobre, s'est effondrée davantage en novembre avec un indice à 87,3 points annoncé mardi, un soufflet pour les économistes qui attendaient 91,5 points. Allant également dans le sens d'une retombée des cours du pétrole, le dollar s'est raffermi face à l'euro. Or, la récente chute du billet vert avait alimenté la flambée du prix du baril, en le rendant meilleur marché pour les acheteurs hors zone dollar. Cependant, l'homme le plus influent de l'Opep, le ministre saoudien du Pétrole Ali Al-Naïmi, a maintenu le suspense sur la prochaine réunion du cartel en déclarant hier que “l'approvisionnement (était) suffisant”. Interrogé sur la question de savoir si l'Arabie Saoudite agirait en faveur d'une augmentation de la production, le ministre a estimé que toute réponse serait “prématurée”. “Nous devons d'abord nous réunir, nous devons regarder les chiffres et nous prendrons une décision en fonction de ces données”, a-t-il dit. Par ailleurs, la publication hier des réserves pétrolières américaines pourrait bien relancer la crainte d'un déséquilibre entre l'offre et la demande mondiale de brut. “Sachant que les preuves d'une dégradation indéniable des fondamentaux du pétrole sont encore maigres, une autre poussée vers le niveau des 100 dollars ne peut être exclue”, ont ainsi estimé les analystes de Barclays Capital. Selon eux, “les chiffres des stocks américains pourraient être le catalyseur” d'un nouveau mouvement de hausse. Les analystes s'attendent pour la semaine achevée le 23 novembre à un déclin des stocks de brut et de distillats (qui comprennent le fioul de chauffage, très surveillé en cette saison), de respectivement 1 million et 1,2 million de barils, et à une progression de 500 000 barils des réserves d'essence.