Les pays qui se montrent réticents par rapport à l'ambition nucléaire de notre pays mettent surtout en évidence l'aspect global de l'accord signé avec la France. Les “ambitions” nucléaires de l'Algérie suscitent de plus en plus de réactions de la part de plusieurs pays. Considéré comme le plus gros des contrats conclu par Paris avec un pays arabo-musulman, l'accord signé il y a quelques jours à Alger est venu remettre sur selle les promoteurs du “danger nucléaire algérien”. C'est surtout l'aspect global de cet accord qui a été mis en relief. En touchant à la recherche, à la production d'électricité, à la prospection de gisements d'uranium, à la sûreté et au transfert de technologie et surtout à la formation, il met en avant l'importance que compte donner l'Algérie à ce secteur. Du coup, notre pays se retrouve dans le collimateur de ceux qui crient au danger d'une prolifération nucléaire dans les pays arabes pour contrecarrer le programme iranien. Une “dualité” dont les conséquences font craindre le pire pour les Européens et les Américains. Du coup, on met en exergue le fait que notre pays n'ait pas encore signé le protocole additionnel de vérification de l'Agence internationale de l'énergie atomique et on parle même d'autres conditions à exiger avant toute concrétisation d'un quelconque accord. D'ailleurs, celui que vient de signer Sarkozy à Alger ne peut entrer en vigueur qu'après avoir eu le OK de la Commission européenne. Cependant, l'Algérie est dans une position confortable et peut se permettre de mettre de côté toutes les pressions possibles. Nonobstant l'aspect de souveraineté nationale, il y a aussi cette politique de diversification des partenaires. La France n'est pas le seul pays qui propose ses services. Il y a aussi les Américains, les Russes, les Chinois et même les Sud-Africains. D'ailleurs, les centrales proposées par la France, les EPR, sont considérées comme les plus chères du marché. Certes, leurs atouts sont indéniables (entre autres une capacité de 1 650 méga Watts ou encore des systèmes de sûreté fiables), mais la concurrence est rude. Il y a ainsi l'américain Toshiba-Westinghouse qui propose l'AP1000 comme alternative au produit de Areva (la société française spécialiste du cycle du combustible nucléaire). Moins cher et moins complexe, ce produit US peut aisément prétendre à devancer son concurrent. D'ailleurs, lors de l'accord signé le 9 juin dernier entre l'Algérie et les Etats-Unis, l'objectif premier était de réaliser un troisième réacteur qui viendra se joindre à Es Salam et Nour. On n'omettra pas de rappeler que jusqu'à maintenant, ni l'EPR ni l'AP1000 n'ont été… construits. Le premier exemplaire du produit français est encore en “gestation” en Finlande alors que l'américain n'est toujours pas “palpable”. Aussi, ce “tapage” autour d'une possible utilisation militaire ne trouve aucun sens devant les garde-fous qu'établissent les fournisseurs. Ces derniers s'occupent de l'enrichissement de l'uranium, de la récupération des combustibles usés et du recyclage tout en conservant l'uranium et le plutonium, produits susceptibles d'être utilisés à des fins militaires. Ajoutant que l'Algérie n'est pas le seul pays arabe intéressé par le nucléaire civil. Déjà il y a quelques semaines, l'Egypte a relancé son programme nucléaire civil qui était à l'arrêt depuis 20 ans. Nos voisins aussi ne sont pas restés les bras croisés. Le Maroc a signé en octobre dernier un protocole d'accord avec Areva pour la recherche et le développement de l'extraction de l'uranium ; la Libye a signé un mémorandum d'accord avec la France sur le nucléaire civil et les deux pays se sont mis d'accord pour la fourniture d'un réacteur. Ce dernier devrait permette la fourniture d'eau potable en dessalinisant l'eau de mer. La Tunisie, de son côté, a signé depuis plusieurs années un accord-cadre de coopération dans le nucléaire civil avec la France. Ne pas rater le “train” nucléaire est en conséquence très important pour l'avenir du pays même si l'urgence est dans le développement des énergies renouvelables. Que ce soit l'énergie solaire, l'éolienne, l'hydraulique, ou encore la géothermie ou la biomasse, toutes ont leur place en Algérie et l'embellie financière actuelle est une excellente occasion pour le pays de les exploiter. L'après-pétrole n'est pas aussi loin que ça et s'y préparer commence dès maintenant. Salim KOUDIL