Toutes les occasions sont bonnes pour le souverain marocain qui met en garde une fois de plus contre “la tentation de la balkanisation des entités nationales et l'appui aux mouvements séparatistes”, dans son discours adressé aux participants du sommet Union européenne-Afrique de Lisbonne. À l'approche de la reprise des négociations avec le Front Polisario, le roi du Maroc remet au goût du jour son discours rempli de mises en garde aux pays de la région contre tout soutien à la cause sahraouie, dont il présente le combat, sans y faire toutefois référence, comme un mouvement séparatiste. Il s'agit d'une copie presque conforme à son discours prononcé à l'occasion de la fête du trône dans lequel il avait traité la même question. Encore une fois, le monarque alaouite avertira contre “la tentation de la balkanisation des entités nationales et l'appui aux mouvements séparatistes et aux entités factices, qui n'ont d'ailleurs pas de place dans un monde marqué par la prévalence des grands ensembles”. Dans le même ordre d'idées, il affirmera, par la voix de son Premier ministre Abbas El Fassi, chargé d'en faire la lecture, que “cette situation d'instabilité constitue un terreau fertile aux trafics d'armes, de drogue et d'êtres humains, et à la prolifération de nébuleuses terroristes qui menacent la stabilité de la région tout entière”. Mohammed VI cherchera également à donner au sujet une dimension plus grande en soulignant que le traitement que réservera le partenariat Afrique-Union européenne aux défis qui se posent au continent africain “devrait être précédé par une réponse stratégique à la menace lancinante qui guette la souveraineté, l'unité nationale et l'intégrité territoriale de chaque pays africain”. Voilà une manière de présenter le Front Polisario comme une entité représentant un danger pour la paix et la sécurité dans la région, alors qu'il ne fait que revendiquer le droit de son peuple à l'autodétermination conformément aux différentes résolutions des Nations unies qui le lui reconnaissent. Si la paix et la sécurité constituent deux conditions nécessaires au développement durable, comme le dit si bien le souverain chérifien, il n'en demeure pas moins qu'elles doivent être préservées dans le cadre du respect de la légalité internationale. Affirmant que “la préservation de l'unité et de l'entente nationales et les efforts d'intégration régionale sont autant d'impératifs pressants pour resserrer les solidarités et résorber les tensions”, Mohammed VI estimera que “les litiges et contentieux, souvent anachroniques parce qu'hérités d'un passé révolu, ne sauraient trouver de solution que par le dialogue et la concertation et dans un esprit d'ouverture et de réalisme”. Il ne ratera pas l'occasion de faire allusion à l'Algérie qu'il n'a jamais cessé de tenter d'impliquer dans le conflit, en indiquant que pour parvenir à cette situation il faut que “les vertus de bon voisinage et de respect mutuel doivent prévaloir en toute circonstance et ne sauraient souffrir d'actes susceptibles de heurter les sentiments nationaux”. K. ABDELKAMEL