Le Front Polisario tient, à partir de demain, son douzième congrès, à Tifariti, dans les territoires sahraouis libérés, avec pour thème “Lutte généralisée pour imposer la souveraineté et l'indépendance totale” du Sahara occidental, colonisé par le Maroc depuis 1975. Le contexte de la tenue du congrès est marqué par les négociations en cours entre le Front Polisario et le Maroc, sous les auspices des Nations unies, dont le but est de parvenir à une solution politique du conflit du Sahara occidental qui respecte le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. “C'est un congrès ordinaire qui se tient dans des circonstances extraordinaires”, résume l'ambassadeur sahraoui à Alger, M. Mohamed Yesslem Beïssat, dans une déclaration à l'APS. “C'est le premier congrès que tient le Polisario depuis le début des négociations de Manhasset et le premier également depuis le déclenchement de l'intifadha pacifique pour l'indépendance, dans les territoires occupés du Sahara occidental, en mai 2005”, explique-t-il. Ce sont-là “deux évènements majeurs qui se sont produits pendant la période qui a suivi la tenue du onzième congrès, en octobre 2003, à Tifariti justement, sur la terre que les Sahraouis ont libérée par les armes”, relève M. Beïssat. Mais “négocier n'est pas un but en soi. Le Front Polisario peut continuer à négocier et en même temps engager d'autres moyens dont il dispose pour arracher ses droits légitimes, comme la lutte armée, l'intifadha ou la désobéissance civile”, affirme-t-il. Les Sahraouis, “après avoir fait la guerre au Maroc dix-huit ans durant, se sont engagés avec lui dans un processus de paix en 1991, sous l'égide de l'Onu. Ce congrès est pour nous une étape nécessaire pour revoir ce qui a été fait durant toute cette période”, ajoute-t-il. “Les domaines de la lutte légitime des Sahraouis pour leur autodétermination sont politique, diplomatique, militaire et médiatique, et ces différents aspects seront examinés lors du congrès”, indique de son côté le ministre de la Diaspora sahraouie, M. Khalil Sidi Mhamed, dans un entretien accordé à l'APS. “Tous les efforts des Sahraouis, que ce soit dans les territoires occupés, les camps de réfugiés ou parmi la diaspora, tendent vers cet objectif de l'autodétermination”, souligne-t-il. Le deuxième point à l'ordre du jour du congrès, auquel participeront environ 1 800 délégués élus par la “base” lors de rassemblements populaires, est l'“évaluation du bilan de la direction du Front Polisario”, a-t-il indiqué. Les délégués viendront des cinq camps de réfugiés sahraouis près de Tindouf, dans le sud-ouest de l'Algérie, de l'importante diaspora sahraouie en Espagne et dans le reste de l'Europe et également — en clandestinité —- des territoires occupés par le Maroc, a dit M. Sidi Mhamed. M. Beïssat tient à rappeler, pour sa part, que le Front Polisario est le “moule dans laquelle s'est fondu le mouvement nationaliste sahraoui, dont les origines remontent aux années 1950”, alors que le Sahara occidental était occupé par l'Espagne. Le Front Polisario “est le seul représentant légitime du peuple sahraoui, ce qui est d'ailleurs reconnu de facto par le Maroc, à travers les négociations de Manhasset”, fait-il remarquer. “Plus de 250 invités étrangers, d'une trentaine de pays des cinq continents, sont attendus à Tifariti”, souligne le diplomate sahraoui. R. I./Agences