La presse de l'Hexagone est unanime à dire que le guide de la révolution libyenne “a été autorisé à piétiner six jours durant la dignité républicaine autant que les valeurs du droit” au cours de son séjours parisien, qui s'est terminé par une attaque en règle de son chef de la diplomatie contre Bernard Kouchner. Nicolas Sarkozy a fait l'objet de vives critiques de la part des médias français, qui lui ont reproché d'avoir troqué ses engagements, pris durant sa campagne électorale d'une France, qui ne “ne sacrifierait plus ses valeurs et ses convictions aux marchés et aux contrats”, contre des “marchés juteux”. Il faut croire que durant cette visite, Kadhafi ne s'est pas privé de faire comprendre aux Français qu'il n'avait de leçons à recevoir de personne en affichant une assurance à toute épreuve face aux attaques sur la question des droits de l'homme. Son ministre des Affaires étrangères, Abdelrahman Chalgham, a donné un aperçu sur la nature des rapports entre les deux parties en s'en prenant vivement à son homologue français Bernard Kouchner. Il a assuré que les Libyens ne voulaient “pas le voir”, en raison de sa versatilité dans ses prises de positions au sujet de la présence du président libyen en France. “Son absence n'a pas eu d'effet négatif sur la visite. S'il ne veut pas nous voir, nous non plus on ne veut pas le voir”, a déclaré le chef de la diplomatie libyenne. Ne s'arrêtant pas là, Chalgham s'est interrogé sur l'attitude de Kouchner en ajoutant : “J'ai rencontré M. Kouchner, j'ai signé avec lui des accords, nous avons discuté de plusieurs sujets. Nous nous étonnons aujourd'hui de ses dernières déclarations.” Il a affirmé ne pas comprendre “comment un homme qui nous rend visite, qui mange avec nous, peut-il changer d'avis en arrivant à Paris ?” Rappelant la visite de Bernard Kouchner en juillet à Tripoli, où il avait accompagné le président français Nicolas Sarkozy après la libération des soignants bulgares. Selon le ministre libyen, Kouchner “est un homme gentil, mais je l'ai entendu à plusieurs reprises faire des déclarations le matin et se rétracter l'après-midi”. Quant au dossier des droits de l'homme en Libye, qui fut au cœur de la polémique entourant la venue en France du leader libyen, le ministre de Kadhafi a répondu : “Personne n'a de leçon à donner à la Libye dans ce domaine.” Ces critiques illustrent parfaitement la polémique qui a entouré la visite du leader libyen, lequel a rendu coup pour coup aux responsables français, qui ont osé s'en prendre à lui. Il aura réussi à diviser la classe politique française, qui ne savait plus sur quel pied danser face à sa capacité à exploiter la moindre faille dans les déclarations sur la Libye. Sarkozy, quant à lui, a rejeté les critiques, expliquant qu'il fallait “parler à tout le monde” et encourager la marche de la Libye vers la “respectabilité”. K. ABDELKAMEL