Les élections communales tournent au feuilleton. Avec des épisodes parfois violents et d'autres grotesques. C'est le FLN qui, parce qu'il est le grand gagnant de la consultation, assure le spectacle. Avec l'intervention orientée de l'Administration, la fête est garantie. Ce qui devrait constituer une formalité solennelle tourne, par ici, au cocasse et par-là, au mélodrame. Nous écrivions, dans la chronique du 23 septembre dernier, que les textes concernant les élections communales et de wilaya “sont tout entiers dédiés à la pratique de l'arrangement” et qu'“en omettant de prévoir des modalités d'arbitrage quand la majorité d'une liste fait défaut, la loi impose le négoce entre élus.” L'anarchie se complique, parce que “les combinaisons possibles du résultat électoral sont si nombreuses” et qu'en plus, pour garder leurs chances un peu partout, les partis évitent de donner des consignes générales d'alliance. Il se trouve que ce marchandage qui ne repose sur aucune ligne politique directrice aboutit à des résultats qui ne conviennent pas toujours à l'Administration. Ainsi, à Meftah, par exemple, où le FLN est ex aequo avec une autre liste se trouve éliminé de la majorité par le jeu des coalitions des autres groupes, ce qui a incommodé le wali : il refuse la majorité composée, dans la légalité, par les élus. À Hydra, ce sont deux autorités, le wali délégué puis le wali, qui ont failli introniser, chacun son président de la même liste. Si le pouvoir a fraudé, ce n'est certainement pas pour qu'on lui subtilise la présidence de l'Assemblée communale au maire qu'il a programmé. La tutelle de la wilaya est conçue comme un instrument de contrôle du pouvoir concédé aux collectivités locales. Quand le résultat a, en partie, échappé à la vigilance du grand frère, l'autorité fait tout pour rectifier les “aberrations” qui lui ont échappé. D'où les problèmes qui précèdent accompagnent ou suivent les cérémonies d'installation des Assemblées communales, comme une onde de choc d'élections qui se singularisent par leur intégrale contestation. Dans leur principe, dans leur déroulement, dans leurs résultats et dans le traitement de ces résultats. Malgré l'effet cumulatif de ses interventions, le pouvoir s'entête à orienter le choix des citoyens, y compris quand ceux sont des élus. Les intronisations mouvementées de certains nouveaux maires témoignent de ce que nos élections sont devenues : une foire d'empoigne au lieu d'une fête de la démocratie. M. H.