Coup d'envoi ce matin de la campagne électorale en prévision des joutes politiques du 29 novembre. On y pense à peine tant les préoccupations des Algériens sont à mille lieues du spectacle peu engageant offert par les partis politiques durant ce qui est appelé la précampagne. Ces derniers jours de veillées d'armes ont été rythmés par une incroyable protesta organique sur la confection des listes des candidats qui a quasiment contaminé tous les partis politiques. Le point d'orgue sera ce matin à l'occasion d'un sit-in que les mécontents du parti au pouvoir, le FLN en l'occurrence, ont promis d'observer pour marquer leur distance vis-à-vis de leur direction. C'est donc mal parti pour le Front qui devra faire face à une fronde le jour même du début de la réclame. S'il est vrai que le FLN suscite plus d'intérêt pour les candidats à la candidature du fait qu'il soit une rampe de lancement au pouvoir, il est tout de même curieux de constater qu'il soit à ce point secoué par autant de tension, alors qu'il était jusque-là immunisé grâce à une insondable main invisible du pouvoir qui tuait la protesta dans l'œuf. Le FLN s'est donc « normalisé » en projetant l'image d'un parti comme tous les autres avec ses tares et ses avatars. C'est sans doute le premier constat à faire d'une veillée d'armes à couteaux tirés dans la maison du vieux parti qui s'est lézardée au gré des appétits et des luttes pour des strapontins. Une lutte qui cadre mal avec l'indifférence manifeste de ceux qui devraient théoriquement choisir leurs représentants le 29 novembre. Et si le FLN aborde ce double scrutin sur fond d'une bataille intra-muros, les autres partis ont croisé le fer avec l'administration coupable de leur avoir mis les bâtons dans les roues. On retiendra notamment les échanges à fleurets mouchetés - parfois violents - entre le FFS et le RCD d'un côté et le ministre de l'Intérieur de l'autre, sur le rejet de certaines de leurs listes sous des prétextes assez souvent spécieux. Et le plus risible aura été sans doute ce quiproquo signalé par le RCD à Djelfa où M. Zerhouni a justifié le rejet de la liste de ce parti par le fait que le candidat tête de liste est… décédé ! ? La réplique du 17 mai ? Or, il ne s'agissait finalement que d'un homonyme est que le candidat du RCD porte effectivement le même nom et le même prénom que le vieux qui n'est plus de ce monde, évoqué par le ministre. Mais rien n'y fait, la liste est recalée au grand dam de ce parti et de ceux qui ont cru pouvoir gérer les affaires de la commune concernée. Ce sont ce genre d'exemples qui ont meublé la chronique quotidienne de la précampagne électorale dans une sorte de carnaval politique qui n'intéresse plus personne. On était loin des débats et des thèmes de pré-électoraux qui auraient pu pimenter la vie politique et bien sûr capter l'attention des citoyens électeurs encore sur la même longueur d'ondes depuis l'historique abstention du 17 mai dernier. Phénomène nouveau aussi : des partis ont même lancé des « appels d'offres » et autres « avis de manifestation d'intérêt » pour dénicher des candidats potentiels à inscrire sur leurs listes…Moralité : les Algériens en ont marre de la politique en général. Et c'est d'autant plus vrai pour cette mission du « maire » assimilée à un… bourbier. Avec un code communal archaïque qui le confine au rôle de secrétaire du chef de daïra et du wali, l'édile local n'attire décidément plus grand monde, du moins parmi ceux qui sont suffisamment compétents pour gérer une collectivité. Cette fonction de P/APC dépouillée de toutes les prérogatives qui auraient pu aider l'élu à renvoyer l'ascenseur à ses électeurs via des projets sociaux, culturels et autres, est perçue comme un panier à crabes. Cette image du maire aux pieds et poings liés a achevé de disqualifier la fonction aux yeux des citoyens. C'est dans ces circonstances que les dirigeants des partis tenteront de convaincre les Algériens 15 jours durant, que leurs candidats pourraient réaliser des merveilles. Une mission extrêmement difficile face à des électeurs irrémédiablement conscients. Et il est fort à craindre que le 29 novembre ne soit une réplique au séisme du 17 mai...