En réaction aux mesures marocaines, le Sénégal a décidé vendredi soir de rappeler son ambassadeur au Maroc pour consultation, faisant monter d'un cran la crise opposant les deux pays, suite aux déclarations de Jacques Baudin au nom du Parti socialiste sénégalais favorable au Front Polisario. Tout en affirmant que les déclarations faites par Me Jacques Baudin au nom du Parti socialiste ne l'engagent pas, le gouvernement sénégalais estime dans un communiqué rendu public vendredi que le Maroc, par le geste “inamical” que constitue le rappel de son ambassadeur à Dakar, n'a pas tenu compte des efforts du Sénégal en sa faveur dans le dossier qui l'oppose à la “République arabe sahraouie démocratique”. Dans la foulée, il est précisé que l'ambassadeur du Maroc au Sénégal n'est pas accrédité auprès du premier secrétaire du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng, mais auprès du président de la République du Sénégal. Reste à savoir maintenant quelles proportions pourrait prendre cette crise diplomatique entre le Maroc et le Sénégal, dont les origines sont à rechercher dans les relations économiques et commerciales entre les deux pays et que les déclarations de Jacques Baudin ne sont que le prétexte invoqué par Rabat pour montrer son mécontentement à Dakar. En effet, la reprise du contrôle d'Air Sénégal par l'Etat au détriment du principal actionnaire, Royal Air Maroc, et la gestion du bateau assurant la liaison Dakar-Ziguinchor à la Société maritime de l'Atlantique, Somat du Maroc, au profit d'une société locale, a déplu au Makhzen. Ceci étant, revenant sur ce qu'il avait déclaré à Tifariti, l'ancien ministre sénégalais a indiqué : “Le Maroc est un pays ami et frère, et la RASD n'est pas un ennemi.” Il a également précisé : “Je ne défends que des principes, parce qu'un juriste ne peut être contre une démarche tendant à libérer les peuples ; il y a un problème entre la RASD et le Maroc, lequel ne peut être réglé que sur les fondements du doit international.” Jacques Baudin expliquera : “Qui dit droit international dit principes juridiques sans lesquels toute solution est arbitraire.” Il s'est toutefois posé une question : “Peut-on faire l'Union africaine sans la RASD, qui a un territoire colonisé et libéré par l'Espagne ?” Au Maroc, l'on s'attelle désormais à calmer le jeu, comme l'indiquent les dernières déclarations du ministre marocain des Affaires étrangères, Taïb Fassi Fehri, lequel a déclaré jeudi que rien ne peut perturber les relations entre le Sénégal et son pays, suite au tollé soulevé au Maroc par les propos tenus par Jacques Baudin, au nom du Parti socialiste sénégalais sur la question du Sahara Occidental. Il a notamment affirmé que “rien ne peut perturber les relations séculaires entre le royaume du Maroc et le Sénégal basées sur un socle historique, cultuel et humain singulier”. K. ABDELKAMEL