Au mois de décembre 1994, Zinou recevait encore une fois une lettre de menace parmi tant d'autres journalistes, une lettre signée par l'AIS, l'Armée islamique du salut, lui promettant la mort avant la fin de l'année 1994. Le 6 janvier 1995 Zinou fut assassiné. Dans une revue de l'AIS El-Naser El-Moubine, le nom de Zinou apparut : “Nous te promettons la mort même si tu t'accrochais aux cordes de la Kaâba, les Lieux sacrés d'Allah”, écrit l'AIS, sachant pertinemment que dans la religion musulmane nul n'a le droit d'ôter la vie à quiconque se trouvant sur les Lieux sacrés, s'agissant d'un malfaiteur ou même d'un non-musulman. Cela explique la logique et l'état d'esprit dans lesquels se trouvaient et se trouvent toujours ces islamistes, qu'ils soient de l'AIS, du GIA, du GSPC ou d'Al-Qaïda, la mort, la violence, le viol sont leurs seuls moyens pour imposer leurs lois scélérates se faisant eux-mêmes leurs propres fetwas. Les attentats du 11 décembre sont venus remuer le couteau dans la plaie. N'ayant pas encore fini de panser nos plaies, que la mort vient frapper à nos portes pour nous annoncer l'assassinat d'un proche, d'un ami ou d'un collègue. Jusqu'à quand continuerons-nous à pleurer nos morts et à enterrer de pauvres innocents ? Devrions-nous subir cette politique “kamikaze” ? puisque nous sommes à l'ère des kamikazes ? Cette politique de l'impunité n'a en fait permis que la réconciliation des différents groupes terroristes, entre eux, et la consolidation de leur base qui n'a jamais été éradiquée, et continuent à recruter et endoctriner des jeunes dans les milieux sociaux les plus défavorisés, où l'islamisme avait déjà planté ses racines qui ont été damées par la politique de Bouteflika : l'oubli et le pardon à l'insu des familles des victimes du terrorisme. Aujourd'hui, nous subissons malgré nous, malgré notre résistance, ce racolage politique et les résultats des mauvais choix politiques, à commencer par la tragédie nationale, la rahma, la réconciliation nationale et la charte nationale qui a dupé les Algériens en les rassurant qu'il n'y aura pas de paix sans justice, une justice arbitraire et aléatoire bien sûr. Nos bourreaux sont libres et bénéficient des meilleurs privilèges, et nul n'a le droit de les traiter de terroristes, sans compter le butin qu'ils ont amassé en pillant les biens de l'Etat et ceux des citoyens. Oui, ces assassins sont parmi leurs familles, mais toi Zinou, tu n'es plus revenu, tu es parti un vendredi 6 janvier 1995, pour ne laisser que des souvenirs inoubliables et des articles dont l'histoire se souviendra. Souvent Zinou tu viens hanter mes rêves pour me dire que tu n'es pas mort. Ma joie ne dura finalement que le temps d'un soupir, puis je me trouve confrontée à la dure réalité de continuer à vivre sans toi mais avec la promesse que je t'avais faite avant ta mort de ne jamais baisser les bras. Aucune décision politique à part la traduction des assassins devant les tribunaux ne pourra sécher nos larmes, ni réchauffer nos cœurs, ni guérir nos blessures. Repose en paix Zinou, l'histoire s'en rappellera. Mme Zinou