Le montant des importations algériennes de lait et de blé a enregistré des augmentations substantielles liées à la tendance haussière des fluctuations des cours de ces produits alimentaires sur le marché international, selon Amar Assabah, directeur de la régulation et du développement de la production agricole au ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Pour rappel, l'Agence algérienne de l'information (AAI) avait indiqué, citant le Centre national des informatique et des statistiques (CNIS) que les importations de blé et de lait avaient enregistré des augmentations durant les neuf premiers mois de l'exercice en cours en comparaison avec la même période de l'année précédente. Pour notre interlocuteur, il ne s'agit pas d'une hausse quantitative du volume des importations mais d'une augmentation du montant. Ainsi, l'Algérie a importé pour 597, 26 millions de dollars de lait jusqu'à septembre dernier contre 514 millions de dollars en 2003 et un peu moins de 737 millions de dollars de blé contre environ 710 millions de dollars durant l'année 2003. D'après M. Assabah, ces augmentations ne sont nullement liées à la production nationale de ces deux denrées qui a été marquée ces dernières années par une progression constante. Pour ce qui est des céréales, M.Assabah fera remarquer que les prix ont connu une flambée en 2004. Rappelant que le blé est un produit boursier, le directeur du département de la régulation et du développement de la production agricole indiquera qu'« il n'y a aucune commune mesure sur le marché mondial ». « Parfois la différence peut atteindre les 100 dollars la tonne », a-t-il expliqué. Devant une telle situation, les opérateurs économiques privés qui s'étaient lancés dans l'importation de blé se sont retirés du marché, selon M.Assabah. L'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a donc repris le flambeau après et par ricochet le monopole sur les importations et la répartition des céréales. « L'OAIC a pris les mesures nécessaires pour amortir les répercussions de la hausse des prix sur le marché international, et ce en bien négociant les contrats d'approvisionnement », a soutenu le représentant du ministère de l'Agriculture. « L'Algérie n'a jamais connu de problème de disponibilité », a-t-il ajouté en substance. Il rejoint ainsi Saïd Barkat, ministre de tutelle qui avait affirmé récemment que « le prix des céréales a doublé l'année dernière sur le marché mondial mais le citoyen algérien n'a pas ressenti cette augmentation. Nous sommes à l'aise. Pour la première fois depuis l'indépendance, nous avons un stock que beaucoup de pays nous envient ». Il est vrai qu'en matière de blé tendre et dur, la production nationale qui avoisine les 30 millions de quintaux, ces deux dernières années couvre pratiquement la moitié des besoins locaux estimés à 60 millions de quintaux. « On a tendance à médiatiser les cours du pétrole alors que ceux des céréales qui pourtant nous intéressent au plus haut point en tant qu'importateurs sont ignorés », a regretté M. Assabah. Ainsi, pour le moment, l'impact de la hausse des prix du blé sur le marché mondial ne s'est pas faite sentir en Algérie, mais jusqu'à quand ? Car il faut savoir que les contrats sont négociés au fur et à mesure selon les prix affichés en Bourse pour une livraison qui peut intervenir des mois plus tard. C'est ce qui explique la disparité des prix des produits dirivés et leurs fluctuations dans le temps. Mais cela ne s'est pas répercuté sur les prix de produits de large consommation tel que le pain et les pâtes. Dans un tel contexte, il y a lieu de s'intérroger sur ce phènomène qui laisse penser que les prix sont toujours administrés. Ce cas de figure conforte la revendication des boulangers qui réclament que la valeur de la baguette de pain soit revue à la hausse, en vain. Les autorités qui ont jusqu'à présent opposé une fin de non-recevoir ne vont pas ignorer indéfiniment cette doléance surtout en prévision de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui prône une libéralisation des prix. Sur un autre registre, la facture des importations de lait a connu une hausse de plus de 80% durant les neufs premiers mois de 2004 par rapport à l'année écoulée. Cette augmentation concerne surtout les produits laitiers tels que les fromages et yaourts ainsi que les matières grasses laitières, et non le lait de consommation et de transformation. La production algérienne de lait en 2004 sera d'environ 2 milliards de litres.