Il y a moins de trois mois, un grand hommage lui a été rendu à Paris, à la bibliothèque de l'Hôtel de ville, dans le cadre de l'Année de l'Algérie en France. Hommage auquel il n'a pu assister, une chute dramatique l'ayant immobilisé à son domicile dans la banlieue parisienne. Ainsi, Mohammed Dib que les Algériens associent à L'Incendie, immortalisé par le film de Mustapha Badie, a tiré sa révérence sans bruit, lui qui précisément détestait les honneurs et autres célébrations ostentatoires. Avec sa disparition, c'est le dernier des pionniers de la littérature algérienne d'expression française qui nous quitte, après Mouloud Feraoun, Malek Haddad, Mouloud Mammeri et Kateb Yacine. L'auteur de Qui se souvient de la mer ? aura versé au patrimoine littéraire algérien, une œuvre plurielle et féconde dont l'Algérie est le personnage central. Mohammed Dib, l'un des plus grand écrivains contemporains algériens, est décédé, hier, à Paris, des suites d'une longue maladie. L'homme de lettres avait fait, il y a un mois, une chute qui l'avait lourdement handicapé, a indiqué à l'APS, l'écrivain Anouar Benmalek avec qui il avait une correspondance suivie. Mohammed Dib est né à Tlemcen, le 21 juillet 1920, où il a poursuivi des études primaires et secondaires qu'il achèvera à Oujda au Maroc. Jusqu'à l'âge de quinze ans, Mohammed Dib écrit des poèmes et s'adonne à la peinture. Il est nommé instituteur, puis exerce le métier de comptable et celui d'interprète anglais-français auprès des armées alliées. De 1945 à 1947, de retour dans sa ville natale, il dessine des maquettes de tapis. En 1950-51, il travaille au journal Alger Républicain, écrivant également dans Liberté, journal du Parti communiste algérien. C'est en 1952 que paraît La Grande Maison, son premier roman qui sera suivi de L'Incendie et Le Métier à tisser, la célèbre trilogie qui le fera connaître. Selon l'un de ses critiques, Mohammed Dib a débuté par des nouvelles et des poèmes du genre surréaliste. Et “c'est le contexte que vivait l'Algérie à l'époque qui le poussa vers le réalisme en écrivant le roman national”. Pour Aragon, “l'audace de Mohammed Dib, c'est d'avoir entrepris, comme si tout était résolu, l'aventure du roman national de l'Algérie”. Ecrivain prolifique, l'œuvre de Mohammed Dib à une portée universelle. Elle est traduite dans de nombreuses langues et fait l'objet de multiples recherches et thèses universitaires. D'une très grande modestie, écrivain écorché vif Mohammed Dib est incontestablement le père du roman algérien contemporain. Avec sa disparition, c'est une grande page de la littérature algérienne qui est tournée.